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Entretien/Yatma Diop, coordinateur du projet PEG à Kaolack : «une forte présence d’organisations faitières, d’associations de femmes et de jeunes,  vivent dans une grande vulnérabilité ».

Entretien/Yatma Diop, coordinateur du projet PEG à Kaolack : «une forte présence d’organisations faitières, d’associations de femmes et de jeunes, vivent dans une grande vulnérabilité ». Spécial

Dans cet entretien, M. le coordinateur du projet évoque le prétexte pour promouvoir l’égalité de Genre dans les projets économiques. Yatma Diop souhaite surtout que la région de Kaolack devienne une référence en matière d’égalité afin d’asseoir des solutions durables

Pourquoi le choix du département de Kaolack comme territoire pilote de ce projet sur l’égalité de genre et l’autonomisation économique des femmes ?

Yatma Diop : Le choix de Kaolack n’est pas le fruit du hasard. Depuis 2017, le conseil départemental et l’ONG belge Échos Communication sont liés par une convention cadre. C’est dans ce cadre qu’a été installé, dès 2018, le centre de coaching territorial à Kaolack avec l’appui et le soutien du Conseil de la Région de l’Oriental également partenaire du Département dans la coopération sud / Sud entre le Maroc et le Sénégal. Naturellement, lorsque l’heure est venue de déployer le projet sur l’égalité des genres et l’autonomisation économique des femmes, Échos Communication a fait le pari de miser sur un partenaire fiable et déjà engagé : le département de Kaolack.

Voilà, je crois que c’est là l’explication principale de ce choix. Mais au-delà de cela, le diagnostic réalisé au début du projet a révélé une forte présence d’organisations faitières, d’associations de femmes et de jeunes, très actives mais vivant dans une grande vulnérabilité. Ces structures manquaient cruellement d’accompagnement adapté.

Quelles étaient les principales limites des initiatives précédentes en matière de renforcement des capacités ?

Très souvent, les formations proposées à ces organisations étaient imposées par des partenaires extérieurs, sans réel dialogue avec les bénéficiaires. Le projet PEG a pris le contrepied de cette logique en laissant les organisations choisir elles-mêmes les domaines dans lesquels elles souhaitaient se renforcer. C’est une véritable révolution méthodologique. Mais nous avons aussi tiré les leçons du passé : après les formations, beaucoup d’organisations étaient livrées à elles-mêmes, sans accompagnement concret. C’est pourquoi, cette fois, nous avons prévu des kits de matériels adaptés pour leur permettre de pratiquer et de valoriser les compétences acquises.

Quel rôle joue le coaching territorial dans la mobilisation des acteurs politiques, religieux et communautaires ?

Le coaching territorial a été un véritable levier d’implication collective. Les leaders politiques, notamment les maires, les chefs religieux et les autres figures communautaires ont tous été mobilisés. À Kaolack, nous avons cette chance : les prises de décision n’ont jamais suscité de blocages majeurs grâce à une dynamique de dialogue et de concertation installée depuis plusieurs années. Le coaching territorial ne se limite pas à orienter les décisions ; il aide aussi à élaborer des plans d’action et à en assurer le suivi dans la durée.

Comment avez-vous surmonté les défis liés à la disponibilité des femmes?

C’est une vraie contrainte, car la majorité des membres des groupements sont des femmes, et beaucoup sont chefs de ménage. Leur disponibilité est donc parfois limitée. Nous avons dû adapter nos approches, en planifiant les rencontres selon leurs contraintes. Heureusement, les relations avec les autorités locales n’ont jamais posé problème. Il suffisait d’en informer les autorités en amont pour fixer les rendez-vous.

Quels sont les premiers résultats concrets observés sur le terrain depuis le lancement du projet ?

Les résultats sont visibles. Les femmes sont désormais mieux organisées, tant sur le plan administratif qu’opérationnel. Grâce à l’appui en matériels, elles transforment aujourd’hui des produits locaux qu’elles écoulent sur le marché. Mieux encore, nous avons accompagné 22 de leurs produits pour l’obtention de labels, de codes-barres et de certifications, afin qu’elles puissent élargir leur marché au-delà du niveau local.

Les femmes sont-elles en mesure d’accéder au marché international ?

C’est notre ambition. Ces femmes commencent déjà à répondre à des commandes lors de cérémonies familiales : jus naturels, arachide, couscous, mil... C’est un début prometteur. Nous espérons, avec la poursuite de l’accompagnement, les voir demain conquérir les marchés nationaux et pourquoi pas, internationaux. L’essentiel est de partir de la base, et c’est ce que nous faisons patiemment

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