À l’appel de plusieurs mouvements panafricanistes, une mobilisation simultanée a eu lieu dans plusieurs pays d’Afrique et des Caraïbes pour réclamer la fin du franc CFA et des accords de coopération militaire avec la France. Au Sénégal, le coordinateur du mouvement d'urgence panafricaniste appelle à des actions concrètes du gouvernement.
Dans un contexte de montée des revendications souverainistes sur le continent africain, les mouvements panafricanistes intensifient leur combat contre les vestiges de la colonisation. Le Sénégal, à l’instar d’autres pays africains, a récemment été le théâtre d’une mobilisation internationale contre le franc CFA, considéré comme un outil de domination économique, et contre les accords de coopération militaire avec la France.
« Le franc CFA est une monnaie coloniale instaurée pour contrôler nos économies. Tant qu'elle existe, nous ne pouvons pas parler de souveraineté », déclare le coordinateur de l’urgence panafricaniste au Sénégal. Selon lui, cette mobilisation simultanée dans plusieurs pays vise à dénoncer la continuité de liens néocoloniaux et à exiger une rupture totale.
Les autorités sénégalaises, récemment élues sur un programme souverainiste, ont exprimé leur volonté de changement. « Nous saluons leur posture, mais il faut maintenant joindre l’acte à la parole. La rupture ne peut être partielle : elle doit être totale et sans équivoque. » Le coordinateur regrette que, malgré l’annonce d’une fermeture des bases militaires étrangères, le président ait confirmé le maintien des accords de coopération militaire avec la France le 4 avril dernier.
« Fermer les bases sans dénoncer les accords, ce n’est pas une rupture, c’est une réforme de façade », insiste-t-il. Ces accords permettent toujours à la France de garder une influence militaire au Sénégal, à travers la formation, les conseils militaires et le partage de renseignements.
Face à ce qu’il considère comme des demi-mesures, le mouvement panafricaniste annonce une intensification des mobilisations dans les semaines à venir, au Sénégal comme ailleurs sur le continent. « Ce combat, nous le menons depuis des années. Il ne s'arrêtera pas tant que l’Afrique ne sera pas pleinement souveraine. »
Le coordinateur conclut en rappelant l’espoir que beaucoup avaient placé dans l'actuel gouvernement sénégalais, le premier à se revendiquer ouvertement du panafricanisme. « Mais si la voie choisie s’éloigne de nos attentes, notre devoir est d’alerter et de continuer la lutte. Pour la souveraineté, pour l’unité africaine. »
Mamadou Touré