La troisième édition du Dakar Bitcoin Day a réuni à Dakar des experts, des entrepreneurs et des passionnés autour du thème : « Bitcoin, une nouvelle infrastructure technologique pour la monnaie et les échanges de biens et services ». Une initiative portée par la communauté Bitcoin Sénégal, pour promouvoir une meilleure compréhension de cette monnaie numérique encore mal connue du grand public.

Dakar a accueilli la troisième édition du Dakar Bitcoin Day, un rendez-vous devenu incontournable pour les acteurs de la finance numérique et les curieux du monde des cryptomonnaies. Placée sous le thème « Bitcoin, une nouvelle infrastructure technologique pour la monnaie et les échanges de biens et services », cette édition vise à démystifier le Bitcoin et à montrer son potentiel dans un contexte africain marqué par un accès limité aux services financiers classiques.

Fondateur de Bitcoin Sénégal et initiateur de la conférence, Mohamadou Koutal, plus connu sous le nom de Nourou, revient sur la genèse de cette aventure :

> « Au départ, beaucoup de Sénégalais associaient les cryptomonnaies à des arnaques, à cause des schémas de Ponzi. J’ai moi-même vu des proches perdre de l’argent. J’ai donc décidé de créer une communauté pour expliquer ce qu’est réellement le Bitcoin et sensibiliser les gens. »

Lancée en 2022, la conférence Dakar Bitcoin Day est devenue un cadre d’échanges regroupant des acteurs venus d’horizons variés : experts financiers, informaticiens, décideurs publics, mais aussi étudiants et commerçants. L’objectif est de vulgariser les usages concrets du Bitcoin, notamment pour les transactions internationales, l’épargne numérique et l’inclusion financière.

Pour Nourou, le Bitcoin est avant tout une révolution monétaire et technologique :

> « C’est comme le Wave ou l’Orange Money, mais à l’échelle mondiale. On peut envoyer de l’argent partout dans le monde, à des frais quasi nuls, sans intermédiaire. »

Il rappelle que lors de la première édition, le Bitcoin valait environ 15 millions de francs CFA. Aujourd’hui, sa valeur dépasse 65 millions de francs CFA : une évolution qui illustre, selon lui, le potentiel d’épargne et de préservation de valeur que représente cette monnaie numérique.

Le consultant Mamadou Sall, spécialiste des services financiers numériques, souligne pour sa part l’importance du Bitcoin comme outil d’autonomie économique :

> « Bitcoin, c’est un écosystème complet. Il permet à chacun de faire des transactions sans dépendre d’une banque. Pour beaucoup de Sénégalais sans compte bancaire ni pièce d’identité, c’est une véritable ouverture. »

Cependant, il reconnaît que le manque de sensibilisation et de cadre réglementaire freine encore son adoption :

> « Beaucoup confondent Bitcoin avec les arnaques pyramidales. C’est pourquoi nous multiplions les rencontres et les campagnes d’information pour clarifier les choses. »

Les organisateurs estiment que le Sénégal, comme la majorité des pays du monde, reste en retard sur l’intégration du Bitcoin, en raison des réticences du système financier traditionnel.

Pourtant, plusieurs États commencent à accumuler cette monnaie numérique comme réserve stratégique, à l’image des États-Unis, de la Russie ou encore des Émirats arabes unis.

Pour Nourou, le message est clair :

> « Le Bitcoin n’est pas un jeu ni une arnaque. C’est une nouvelle infrastructure pour l’économie mondiale. Il faut apprendre, comprendre et s’y préparer. »

À travers des initiatives comme le Dakar Bitcoin Day, le Sénégal confirme son intérêt croissant pour les technologies financières de demain. 

Si les défis restent nombreux — réglementation, éducation financière, infrastructures —, le mouvement amorcé par la communauté Bitcoin Sénégal marque un pas décisif vers une économie numérique plus ouverte, inclusive et décentralisée.

Mamadou Touré