vendredi 22 novembre 2024 | Login

C’est sous forme de courrier adressé au chef de l’Etat que les écoles privées laïques ont fait part de leur surprise et de leurs frustrations suite à la décision de rouvrir les écoles dans le cade d’un déconfinement progressif. Par la plume de Ismaël Camara, c’est toute l’inquiétude qui est étalée à travers cette correspondance dont les auteurs espèrent une meilleure compréhension de la part du Président Sall. La lettre in extenso.

« Monsieur le Président de la République, nous venons de traverser une semaine de tension artificielle créée par des politiciens, des hommes analphabètes et fanatiques. Le savoir, tel que décliné dans le Coran et la Bible, est source de PAIX, d’apaisement du cœur et de l’esprit. L’absence d’argument fait toujours place à la violence verbale et physique. Dans l’assouplissement des conditions de l’état d’urgence, vous avez, une fois de plus fait preuve de hauteur et d’esprit d’ouverture. Vous avez prouvé votre statut d’homme d’état accompli. « Apprendre à vivre avec le virus » est loin d’être un slogan ; c’est une morale dans toute sa splendeur, un conseil rigoureux, un comportement salvateur. La vie de chaque individu est tributaire de son prochain. Vous avez abordé toutes les questions relatives à une reprise acceptable des Ecoles. Cependant le problème dramatique que vivent les enseignants du privé laïc a été occulté. En effet, depuis trois mois ces agents, pères et mères de famille, vivent sans ressources, sans salaires. Les bailleurs de fonds que constituent les parents d’élèves ne payent plus malgré l’engagement pris à la rentrée des classes. En outre, la décision prise de n’accepter provisoirement que les classes d’examens conforte les parents d’élèves dans cette décision. Les élèves des classes d’examens constituent à peine 1/10 des effectifs des écoles et seulement 1/6 du personnel sera sollicité pour assurer ces cours.

Alors demander aux enseignants du privé laïc de reprendre le chemin de l’école relève véritablement du volontarisme. L’aide financière promise aux écoles privées reste floue et les critères d’attribution éventés n’augurent rien de bon. Par ailleurs, nos élèves seront inéluctablement exposés au virus au danger. Le Ministère de l’éducation et les pouvoirs décentralisés (les MAIRES), dans l’attribution des dons, de la formation pédagogique, des fournitures scolaires ignorent royalement les écoles privées qui se prennent entièrement en charge. Le matériel sanitaire (lave mains, mouchoirs, thermo-flash, robinet, savons,….) restera du luxe inaccessible pour nous et nos élèves. Nos vies, celles de nos enfants, celles des familles importent-elles très peu pour vous ? Je ne le pense pas. Je suis certain que dans votre approche tous les citoyens sont concernés à tous les niveaux par vos actions salvatrices. En est-il de même pour votre gouvernement, vos collaborateurs ? Vous me permettrez de rappeler que les écoles privées laïques font les meilleurs résultats chaque année : du CFEE au BAC (régulièrement entre 95% et 100%). En développant ces écoles dites de proximité, le taux de scolarité et le rendement scolaire ont été décuplés. Les parents d’élèves y trouvent leurs comptes plus particulièrement nos émigrés qui nous confient leurs enfants. Leur confinement et leur chômage technique en Europe ajoutent une couche supplémentaire au chaos qui frappe ces écoles. Nous savons que cette situation est extrêmement difficile, les plaies béantes multiples et les  moyens limités. Mr le Président, je fais appel à votre sens élevé de vos responsabilités, à votre profond humanisme pour solutionner, dans les tout prochains jours ce drame qui nous assaille, pour étayer le pan essentiel de notre système éducatif.

Doyen Ismaïla CAMARA

 

 

Publié dans Société

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