Ce dimanche 18 octobre, les électeurs guinéens se rendront aux urnes pour une présidentielle déjà très controversée après une campagne électorale mouvementée et des violences exercées dans le camp de certains leaders de l’opposition. Pour éviter qu’un scénario cauchemardesque ne se répète sur le sol africain, l'UE partenaire commercial le plus important de la Guinée, doit agir de manière décisive et rapide. Mais, voilà qu’elle a été zappée de la liste des superviseurs accrédités par les autorités, et n’enverra donc pas d’observateurs sur le sol Guinéen. Ce sera donc un événement qui sera suivi avec une inquiétude croissante pour les différents enjeux que cela comporte, tant au niveau économique pour ce pays pauvre très endetté qui occupe la 174ème place sur 189 dans l'indice de développement humain que sur l’urgence d’un impératif de paix à asseoir.
Les événements en Guinée seront, dans trois jours, sous tous les projecteurs des différentes capitales du Continent africain et du monde. Envoyés normalement pour s'assurer que les élections se passent librement, de manière équitable, et, non frauduleuses, les observateurs de l'Union Européenne (UE) ne seront pas de la partie et devront, hélas, suivre les évolutions via les médias et en dehors du territoire guinéen. Alors que le monde suit de très près les derniers développements de l’actualité de ce pays, la non invitation des observateurs européens n’empêche, cependant, pas que l’UE a appelé à des élections justes et libres, mais aussi et surtout, qu'elle réponde à toute violation électorale par des sanctions exemplaires. Nabila Massrali, porte-parole de l'UE pour les Affaires Etrangères et la politique de sécurité, a déclaré à cet effet: «Alors que la date limite des élections du 18 octobre approche, l'UE partage les préoccupations déjà exprimées par les acteurs régionaux et internationaux quant aux conditions dans lesquelles elle se prépare. L'UE n’a pas encore fini de déplorer les violences et les affrontements de mars qui ont fait plusieurs victimes, qu’elle appelle les autorités à mener des enquêtes indépendantes et approfondies afin de poursuivre les auteurs. Des sentiments similaires ont été exprimés par Willy Fautre, directeur de Human Rights Without Frontiers, une importante ONG de défense des droits basée à Bruxelles, qui a déclaré que « l'élection était intrinsèquement truquée ». Selon lui, « l'actuel président ne devrait pas être autorisé à se présenter car le nombre de mandats est limité à deux et ce sera sa troisième candidature. Et dans ce cas, l'UE devrait collaborer étroitement avec la CEDEAO, l'Union africaine, les Nations Unies et les Nations Unies à Conakry pour s'assurer que le vote est crédible, transparent, inclusif et sans violence. Aux dernières nouvelles, la CENI vient de décider de ne pas donner copies des PV des bureaux de vote aux représentants des candidats en lice pour cette joute qui sera indédite. Mais, au cas où l'élection serait truquée, Bruxelles ne devrait pas hésiter à rejeter les résultats si elle veut rester un phare de la démocratie et des droits de l'homme aux yeux du peuple guinéen et des Africains en général. Après les élections, l'UE devrait investir son énergie pour poursuivre les responsables des violences qui ont accompagné les élections. L'UE doit, de ce fait, renforcer ses liens avec la Guinée, pays jeune et dynamique ». .
Tout compte fait, Alpha Condé reste confronté à un défi d'une ampleur inattendue: l'ancien Premier ministre du pays, Cellou Dalein Diallo. A la veille de l'élection, M. Diallo lui même s'est adressé en exclusivité en déclarant: «Avec la mobilisation sans précédent de la jeunesse guinéenne déterminée à assurer un scrutin sans faille et le strict respect de son issue, Alpha Condé commettra une faute très grave en abusant des Guinéens dans leur choix comme en 2010 et 2015. L'agression et la violence que beaucoup craignent et qu’Alpha est sur le point d'utiliser, ne peuvent que répandre le sang des Guinéens qui ne se laisseront pas intimider. La Guinée est riche en diversité, et l'aspiration légitime de son peuple est de choisir librement ses dirigeants sans avoir à verser le sang ou à sacrifier la vie des jeunes ». Pour ce faire, la communauté internationale devrait anticiper et aider la Guinée à éviter ce gâchis. Après deux mandats d'homme fort au pouvoir, la Guinée est tombée à 174 pays sur 189 dans l'indice de développement humain. Beaucoup craignent que si Condé obtient un troisième passage à la tête de la Guinée, la nation africaine appauvrie ne fera que sombrer encore plus bas.