L’agence de notation Moody’s vient de dégrader la note souveraine du Sénégal, la faisant passer de B3 à Caa1, avec une perspective négative.

Cette décision, motivée par des inquiétudes sur la dette publique, la liquidité et la transparence budgétaire, constitue un signal fort adressé à notre pays. Elle traduit une perte de confiance sur la trajectoire économique actuelle et appelle, de toute urgence, une réponse concertée et lucide.

Mais loin d’être une fatalité, cette situation doit être un tournant stratégique.

Elle nous oblige à repenser nos priorités, à renforcer nos fondamentaux, et à bâtir, ensemble, les conditions d’une économie souveraine, résiliente et inclusive.

Un contexte difficile, mais une opportunité de refondation

Le constat est clair : notre modèle économique, trop dépendant de la dette et des financements extérieurs, atteint ses limites.

Les entrepreneurs, véritables bâtisseurs de la nation, ressentent chaque jour les effets de cette fragilité : accès difficile au financement, fiscalité lourde, inflation croissante, ralentissement de l’investissement productif.

Cependant, le Sénégal ne manque ni de ressources humaines, ni d’ingéniosité.

Avec près de 408 000 unités économiques, dont 99,8 % de PME, notre pays dispose d’un tissu entrepreneurial dense, créatif et dynamique.

C’est ce potentiel qu’il faut libérer, structurer et accompagner pour restaurer la croissance et l’autonomie économique du pays.

Entreprendre pour la souveraineté

La souveraineté économique ne se décrète pas.

Elle se construit par la production locale, la création de valeur ajoutée, et la confiance dans l’entrepreneuriat national.

Comme le disait Kwame Nkrumah, « L’indépendance politique n’a de sens que si elle se traduit par l’indépendance économique. »

C’est pourquoi le Mouvement des Entrepreneurs du Sénégal (MES) réaffirme sa conviction :

Le secteur privé national doit être le pilier de la souveraineté économique.

Nous saluons la vision du Président de la République, Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye, et de son Premier Ministre Ousmane Sonko, qui ont placé la souveraineté au cœur de la refondation de l’action publique.

Mais cette souveraineté doit désormais se traduire dans les politiques concrètes de développement du secteur privé : financement, accès aux marchés, innovation, et protection de la production nationale.

Nos propositions pour une refondation économique durable

 1. Créer des “Maisons de l’Entrepreneuriat” dans chaque pôle territorial

Pour accompagner les TPE/PME vers la formalisation, la croissance et l’innovation.

 2. Mobiliser la diaspora comme partenaire stratégique

La diaspora ne doit plus être un simple pourvoyeur de fonds, mais un investisseur et un acteur du transfert de compétences.

 3. Renforcer la décentralisation économique

En donnant plus de moyens aux communes pour développer les initiatives locales et soutenir l’emploi.

 4. Mettre en place un Pacte national pour les PME

Avec une fiscalité adaptée, des financements durables, et des mécanismes de garantie publique efficaces.

 5. Améliorer la transparence financière et la gouvernance

Pour restaurer la confiance des investisseurs, des citoyens et des partenaires internationaux.

Conclusion : croire en l’expertise sénégalaise

Nous sommes à un moment charnière.

La dégradation de la note de Moody’s n’est pas seulement une alerte financière, c’est un rappel à l’ordre national.

Un appel à la responsabilité collective, à la rigueur, mais aussi à la confiance en nous-mêmes.

Car le Sénégal a les talents, les ressources et l’énergie pour rebondir.

Les entrepreneurs sénégalais — hommes et femmes de terrain — sont prêts à jouer leur rôle de moteur du changement.

Croyons en l’expertise sénégalaise. Soutenons nos entrepreneurs.

C’est ainsi que nous construirons, ensemble, un Sénégal souverain, juste et prospère.

Cheikh Ahmadou Bamba Sylla 

Président du Mouvement des Entrepreneurs du Sénégal (MES).