Une des conséquences de l’adoption de la journée de travail continue, c’est le changement d’habitudes alimentaires, avec la prise du repas de midi en dehors de la maison familiale. Cette habitude a un effet dramatique chez les enfants d’âge scolaire qui prennent leur petit déjeuner, leur déjeuner sur le chemin ou dans les environs directs de leurs écoles dans des gargotes, des boutiques ou auprès de vendeurs ambulants. Hier à Thiaroye, à l’heure de la pause, je suis tombé sur des dizaines d’élèves circulant dans tous les sens et se précipitant devant les étals, les comptoirs et autres marchands pour se procurer à manger.
J’ai observé ce qu’ils achetaient et j’ai eu un sentiment de compassion à cause de la faible consistance de leurs repas et pour certains, c’était probablement le seul repas pris depuis ce matin. Ce spectacle auquel j’ai assisté à Thiaroye est, sans aucun doute, le quotidien de centaines d'écoliers dans plusieurs quartiers du pays. Au-delà des problèmes d’hygiène que cela pose, il y a la qualité de la nourriture qui est essentiellement faite de sandwichs, de beignets, de pains et de sauces diverses et variées. Donc une alimentation pauvre en céréales et riches en lipides (matières grasses) et glucides (sucre) ; ce qui constitue un terrain fertile pour le développement des maladies chroniques (cancers, diabète, hypertension, maladies cardio-vasculaires…).
La situation est plus grave chez les jeunes enfants d’âge préscolaire où, avec la pratique du goûter, ces enfants prennent des chips, des biscuits et des boissons sucrés, occasionnant une consommation importante de sel et de sucre, qui peut être néfaste pour le fonctionnement d’organes importants comme le rein et le pancréas et pouvant induire ainsi des affections à type d’HTA et de diabète.
La "malbouffe" est certes un phénomène mondial, qui n’épargne pas notre pays. Mais ici, la situation est plus préoccupante, car dans un contexte de crise économique, la famille n'a plus assez de temps, ni de revenus, pour offrir des repas décents, et l'école non plus! Il est donc urgent de mettre en œuvre des programmes appropriés de cantine scolaire aux niveaux préscolaire, élémentaire et secondaire pour mieux nourrir nos jeunes avec des produits locaux nutritifs adaptés à leurs besoins respectifs afin de préserver leur capital santé et de leur assurer une vie adulte saine. A défaut l’expansion des maladies chroniques va s’accélérer de manière exponentielle, et hypothéquer l’avenir de nos enfants. Aucun investissement ne sera de trop pour cela.
Dr Sylla Thiam Expert de sante publique Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.