Merci de vous présenter
Professeur Daouda Ndiaye, chef du Département de Parasitologie de la Faculté de Médecine et Pharmacie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), Principal Instigateur du séminaire de lancement du projet de recherche opérationnelle basée sur l’utilisation des données génomiques pour la prise de décision dans la lutte contre le paludisme.
Quel sens donnez-vous à l’activité et l’intérêt de la visite à Dakar des tous ces scientifiques et chercheurs ?
Via le Service de Parasitologie de la Faculté de Médecine et Pharmacie de l’UCAD et en collaboration avec l’Université de Harvard (États Unis), le Sénégal a reçu une subvention pour appuyer le Programme National de Lutte contre le Paludisme, de la part de la Fondation Bill et Melinda Gates une subvention pour la lutte contre le paludisme. Cette étude porte sur une mise à l’échelle de l’intégration des données génomiques dans la surveillance du paludisme et permettant ainsi la prise de décision éclairée. Ce programme sera mis en œuvre étroitement avec le Ministère de la Santé et l’Action sociale particulièrement le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) et ses différents partenaires. En effet, ces données génomiques seront intégrées dans la modélisation épidémiologique du paludisme et la cartographie des risques pour aider à guider la stratégie de contrôle et d'élimination du Sénégal. Il y a une forte délégation de la Fondation Bill et Melinda Gates, de l’Université Harvard, du CDC/Atlanta, pour participer à cette rencontre de lancement de ce programme de recherche opérationnelle. D’autres chercheurs et spécialistes d’autres pays sont également présents à cette rencontre de Dakar par la Fondation Gates pour s’enrichir de la vision du Sénégal en matière de recherche opérationnelle dans le domaine de la génomique. Il s’agit du PNLP et MRC de la Gambie, CDC/Africa en Éthiopie, du Mali, de la Tanzanie entre autres.
C’est quoi la génomique et quelle est la place du Sénégal dans la lutte contre le palu ?
Le Programme est lancé pour aider le Sénégal et l’Afrique afin de procéder à l’élimination du paludisme le plus efficacement possible. Il est financé par la Fondation Bill et Melinda Gates qui a choisi le Sénégal comme vitrine pour servir d’exemple dans le monde en matière de stratégie utilisée dans la génomique. C’est un outil transversal scientifique sans quoi on ne pourrait venir à bout du palu. Au Sénégal il y a différents profils épidémiologiques, et avec tous les indicateurs utilisés et les différentes interventions, il y a une certaine forme de résistance du palu et la génétique pourrait permettre d’arriver enfin à son éradication. Avec l’argent déjà investi par les partenaires du Sénégal, la Fondation Bill Gates a jugé utile que sans la génomique, il sera difficile d’aller loin dans le cadre de la lutte contre les maladies infectieuses (palu, maladies émergentes). Il faut dire qu’il y a un leadership incarné par le Sénégal et les résultats engrangés depuis une vingtaine d’années qui facilitent l’accompagnement de la fondation américaine qui fait preuve de reconnaissance de l’expertise du Pr Ndiaye et du Sénégal sur le plan mondial parmi les meilleurs des meilleurs en matière de recherche. Et donc, ils ont jugé nécessaire que le monde vienne apprendre chez nous, d’où la présence des chercheurs venus des quatre coins du monde, notamment les Etats Unis, MIT, Seattle, des institutions de renom, différents pays comme la Gambie le Mali, l’Ethiopie, la Tanzanie, le Bénin, du 17 au 19 février à Dakar.
Un mot sur les différentes tournées sociales organisées par le mouvement social Actions
Le monde a besoin de nous, tout comme la société sénégalaise. Aujourd’hui, nous sommes en train de faire de belles choses en matière de recherche et de mise en œuvre. Nous avons une expertise à vendre et la présence de la Fondation Bill Gates dans nos murs le témoigne à suffisance. Ils nous proposent un travail qu’ils paient, et c’est des travaux qui génèrent des revenus et que nous mettons à la disposition des populations. Si aujourd’hui, dans le monde entier, on est choisi parmi d’autres scientifiques par la fondation Bill Gates (déjà, vous reconnaissez dans la salle (ndlr : où se tient la cérémonie d’ouverture du lancement du programme génomique), tous les experts de ce monde sont là, avec les grands décideurs en matière de santé, c’est parce que nous représentons quelque chose. Mais ça, nous le devons à l’Etat du Sénégal et aux populations. Bénéficier de tous les avantages c’est bien, mais nous devons savoir que nous avons été aidés par un peuple et la logique voudrait qu’on ne l’oublie pas en retour. On doit faire en sorte qu’il s’y retrouve et on peut faire la recherche pour le Sénégal, lui trouver des solutions face à des problèmes de santé, mais un parent vivant dans la banlieue aura toujours besoin d’un accompagnement dans la vie quotidienne. C’est ce que nous voulons faire. Présentement, on aide l’Afrique, le programme et le ministère, mais la population aussi doit bénéficier de tout ça et c’est ce que nous faisons avec le mouvement social Actions pour lequel on a deux vies maintenant : une vie scientifique, de chercheur de la santé et l’autre, c’est la communauté avec l’entité que nous avons créée pour agir dans le social.
Youssouf NDIONGUE