Les annonces du président français Emmanuel Macron, mardi, n'ont pas suffi à calmer la colère : un porte-parole des "Gilets jaunes" a appelé dans la soirée à une nouvelle manifestation samedi prochain sur les Champs-Élysées.
Les annonces d'Emmanuel Macron n’auront pas suffi. Éric Drouet, l'un des deux porte-parole des "Gilets jaunes" reçus dans la soirée de mardi 27 novembre par le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, a appelé à une nouvelle manifestation samedi prochain à Paris, sur les Champs-Élysées.
"Les Français n'ont pas du tout été convaincus" par les annonces d'Emmanuel Macron, a-t-il déclaré à l'issue de la réunion de près de deux heures au ministère. "On avait plus de souhaits que ça, on n'était pas que sur la transition écologique, on était sur un débat beaucoup plus grand", a-t-il dit.
La manifestation de samedi prochain à laquelle appellent certains "Gilets jaunes" est du coup "maintenue", a-t-il soutenu. "Il y aura le rendez-vous, comme samedi dernier, aux Champs-Élysées. Le souhait de tous les ‘Gilets jaunes’, c'est de continuer chaque samedi comme ça, aux Champs-Élysées."
Le gouvernement prêt à organiser des débats en région
Reçue avec lui au ministère, une autre porte-parole du mouvement, Priscillia Ludosky, a déclaré avoir réclamé à François de Rugy une nouvelle réunion, en présence cette fois du "porte-parole du gouvernement ou [du] Premier ministre". Elle a également évoqué la volonté que "chaque grande région trouve ses représentants" pour parler au nom du mouvement.
Interrogé à son tour après la réunion, François de Rugy a déclaré avoir dit à ses deux interlocuteurs que le gouvernement était "prêt à organiser des débats dans tous les départements où les citoyens qui sont impliqués dans les ‘Gilets jaunes' pourront venir s'exprimer".
Éric Drouet et Priscillia Ludosky, tous deux à l'origine du mouvement de contestation, font partie d'une délégation de huit "porte-parole" créée lundi pour engager une "prise de contact sérieuse et nécessaire" avec les autorités et porter une série de revendications. Mais leur représentativité fait débat au sein même de ce mouvement hétéroclite, né sur les réseaux sociaux hors de tout cadre politique ou syndical, certains affirmant qu'ils se sont "autoproclamés" porte-parole.
L'opposition tape sur Macron
Sur le terrain politique, l’heure n'est pas non plus à la satisfaction. Dès la fin du discours du chef de l'État à l'Élysée, dirigeants de droite comme de gauche ont fustigé l'inadéquation entre les mesures annoncées et les revendications des "Gilets jaunes", excédés par les taxes sur l'essence et le diesel.
Dans son discours prononcé dans la matinée, Emmanuel Macron a refusé de suspendre les augmentations prévues au 1er janvier 2019, tout en annonçant la création d'un mécanisme permettant de moduler la fiscalité en fonction des cours du pétrole pour éviter à l'avenir des envolées trop brutales des prix à la pompe. Il a également laissé entendre que de nouveaux gestes pourraient être annoncés au terme d'un cycle de trois mois de débats partout en France sur la transition énergétique.
"Résumé du discours du président au peuple : encore trois mois, monsieur le bourreau", a ironisé Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise (LFI) et député des Bouches-du-Rhône, sur Twitter.
"Cela ne répond absolument pas au cri de colère de nos compatriotes", a abondé sur BFM TV le centriste Hervé Morin, président de l'association Régions de France, qui a toutefois salué un changement de ton à l'égard des manifestants.
Le président français n'a pas trouvé davantage grâce aux yeux de Marine Le Pen qui a vilipendé, à l'Assemblée nationale, une "déconnexion totale" entre les mesures attendues et celles que voulaient entendre, selon elle, les "Gilets jaunes". "Les Français attendaient de savoir comment boucler leur budget pour dans trois jours, il a répondu que l'on verrait ça dans trois mois", a-t-elle jugé.
Le président des Républicains (LR), Laurent Wauquiez, a plaidé quant à lui pour l'organisation d'un référendum sur la politique d'Emmanuel Macron en matière de fiscalité écologique. "Pour sortir de ce blocage, il faut rendre la parole aux Français", a-t-il dit sur CNEWS.