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Pour un bon usage de l’invalidation de sa candidature : combattre les conditions qui ont rendu possible le succès de Sonko

Pour un bon usage de l’invalidation de sa candidature : combattre les conditions qui ont rendu possible le succès de Sonko Spécial

 

L’extrémiste Ousmane Sonko, ce vulgaire et étroit d’esprit apprend, à ses dépens, que dans une démocratie libérale nul n’a besoin de marcher sur des cadavres pour accéder au pouvoir.

 

Ousmane Sonko est une menace contre le Sénégal avec ses fausses promesses, ses avis simplistes et sa surenchère populiste.

 

Si Sonko était autorisé à être candidat à l’élection présidentielle de février 2024, la menace contre la République et la démocratie qu’il représente ne pouvait que s’aggraver. Il est important de mettre un coup d’arrêt à l’ascension du populisme au Sénégal. 

Toutefois, le péril Sonko, loin de disparaître, va perdurer si l’on ne combat pas résolument ses racines politiques, culturelles, économiques et sociales.

 

Avec ses appels à l’insurrection, la transformation de son parti en une entreprise terroriste et ses militants en une meute de casseurs, Ousmane Sonko a voulu tuer la démocratie qui a permis aux Sénégalais de choisir pendant 63 ans, les élus locaux, Députés et Présidents de la République.

 

Après sa mise hors-jeu électoral, le premier défi de la République du Sénégal est de tirer, de façon lucide, les leçons des facteurs qui ont généré les succès de Sonko en dépit du meurtrier bilan humain et matériel de son "Mortal kombat", gatsa gatsa et thioky fin.

 

Pour ce faire, nous devons aborder, avec une extrême gravité, l’emprisonnement, la dissolution de l’ex parti Pastef et l’invalidation de la candidature de Sonko.

 

Il s’agit de décrypter avec courage les fanatismes, colères, insatisfactions, insuffisances et inquiétudes multiformes des Sénégalaises et Sénégalais qui adhèrent, le plus souvent par ignorance, au projet populiste de Sonko qui, par nature, est dangereux pour le pays.

 

Dans cette perspective, les partisanes et partisans de Sonko ne sont pas à confondre avec lui. Ces Sénégalaises et Sénégalais énoncent des soucis, préoccupations personnelles et des peurs. Il s’agit d’y répondre par des politiques publiques ambitieuses et une gouvernance exemplaire.

 

En lieu et place de polémiquer avec les sonkolâtres et les élites opportunistes qui le soutiennent, les vrais démocrates, qui ont le souci du Sénégal et de la consolidation de son modèle républicain, laïque, progressiste et démocratique, doivent se mobiliser pour la seule tâche qui vaille : libérer le Sénégal des griffes du populisme, du dogmatisme, de l’intolérance et du culte de la personne. Il s’agit de les conduire à un niveau avancé de civilisation politique et intellectuelle.

 

Il faut, à ce propos, privilégier une analyse rationnelle de leurs comportements et travailler à les réhabituer à la libre discussion et au débat contradictoire apaisé.

 

Depuis que Sonko est entré en politique, les républicains et démocrates sénégalais ont commis l’erreur d’ignorer les effets pervers de son discours et sa dangerosité dans l’opinion, notamment, les jeunes.

 

Cette attitude n’était pas la bonne manière pour faire face au péril du populisme. Pour combattre plus efficacement Sonko et son populisme violent, il est urgent d’inventer un nouveau récit républicain, démocratique et progressiste.

En effet, par bien des aspects, Ousmane Sonko a réussi à imposer dans le débat public le patriotisme dénaturé et rétrograde en inoculant dans la jeunesse le venin de la haine, de la violence, de la xénophobie et de l’intolérance.

 

Ainsi est venu le temps des folles passions de 2021 à 2023. Au cours de ces dernières années, en bon manipulateur et entrepreneur du populisme, Ousmane Sonko a surfé sur le marché de la mal gouvernance, des détournements de deniers publics, pillages de biens de la nation, frustrations, colères, souffrances. Il a su capter des colères légitimes et avec beaucoup de cynisme convaincre des Sénégalais qu’ils sont spoliés de leur pays et ses richesses par l’Occident et les gouvernements qui se sont succédé depuis 1960.

 

Il n’en fallait pas davantage pour que ce pur délire, mais baume efficace sur les plaies de la pauvreté et de l’ignorance, permette à Sonko de s’imposer dans le débat public.

 

La rhétorique de Sonko consiste à tromper les Sénégalais en captant ses proies au nom de fausses valeurs comme la préférence nationale, le patriotisme à la fois dénaturé et rétrograde. Il sait exciter les bas instincts du peuple, notamment de ces classes les plus précaires. Le discours de Sonko est une stratégie de manipulation des marginaux, incultes et esprits faibles.

 

Ousmane Sonko joue sur l’émotion au détriment de la raison et porte la dramatisation des difficultés à leur extrême : exacerbation de la crise, dénonciations mensongères, exaltation d’un leader sauveur.

 

Ousmane Sonko, comme tous les populistes, a besoin de frustrés, de pauvres, d’analphabètes, dans un état de forte insatisfaction, pour exploiter leur ressentiment.

 

Ousmane Sonko parle de la situation économique du Sénégal en insistant sur les entreprises étrangères qui s’accapareraient des richesses nationales. Un pur délire !

 

Pour Sonko, la source du mal est souvent désignée de façon floue : le système qu’il considère comme le coupable n’est jamais parfaitement identifié, de manière à laisser planer l’impression qu’il conduit les affaires en sous-main. Ce qui permet de suggérer l’existence de complots, une comparaison avec la notion peu pertinente d’État profond chez les partisans de Trump.

 

Le discours de Sonko fait croire que tout serait simple si ne s’opposait pas à l’aspiration des populations, un système qui bloque le Sénégal.

 

Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas accepter le populisme ! Ousmane Sonko n’est pas la solution pour le Sénégal. Les républicains et démocrates doivent développer leur propre récit du présent, de l’avenir du Sénégal et trouver des réponses républicaines, démocratiques et pacifiques aux défis économiques et sociaux en les érigeant comme urgences nationales.

 

L’avenir de notre République et de notre démocratie ne peut pas être confié aux populistes d’extrême droite et d’extrême gauche qui pullulaient dans l’ex Pastef.

Un récit républicain et démocratique doit mettre l’accent sur les idées d’ouverture, de pluralisme, de progrès économique, d’intégration africaine et de coopération internationale : l’humanité doit en très grande partie ses avancées à ces principes !

 

Dans un monde à la complexité croissante, on ne trouve guère d’exemple de réponses simplistes d’extrême droite ou d’extrême gauche menant à des résultats satisfaisants.

 

Le recours à un patriotisme régressif n’est ni viable ni souhaitable. Les républicains et démocrates sénégalais doivent souligner le fait que l’ouverture à l’Afrique et au monde – combinée avec une production à grande échelle, une redistribution plus équitable des richesses et une bonne dose de régulation – peut être une voie pour créer de la valeur et faire du Sénégal une terre d’opportunités.

 

De ce point de vue, un regard rétrospectif sur les accomplissements passés et une vue optimiste de l’avenir de notre pays sont plus utiles que l'auto-dénigrement, le populisme, le tribalisme, la xénophobie, l’instrumentalisation de l’ethnie, de la religion, le patriotisme dénaturé et rétrograde qu’incarnent Sonko et l’ex-Pastef.

 

Vive la République !

 

Vive le Sénégal !

 

Moustapha Diakhaté

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