« Il y a un regain de violence manifeste depuis quelques mois au Sénégal.
Les gens deviennent de plus en plus violents. Il apparaît souvent des cas de mort d’homme provoqués par des actes violents commis directement par des personnes qui leur sont proches » disait le commissaire à la retraite Cheikhouna Kéita en avril 2023 à la suite d’une série de meurtres en 4 mois en début d'année 2023.
Déjà en 2016, nous notions une série de crimes : Fatoumata Matar Ndiaye, Vice-présidente du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), à Pikine a été égorgée chez elle ; le taximan Ibrahima Samb est assassiné par balles ; un jeune étudiant est tué pour une histoire de moins d’un euro, un pharmacien et son vigil sont assassinés à Ndioum.
En janvier 2023, une Franco-sénégalaise est ligotée, violentée et tuée en pleine journée. Ensuite survinrent la mort suspecte d’un jeune talibé de 13 dans le quartier de Ndayane à Diourbel, le meurtre d’un homme à Kaolack (une jeune fille de 16 ans est accusée de l’avoir poignardé). Ce mois d’août 2024 nous renouons avec cette série : à Darou Rahman (Guédiawaye), Sylvie Mendy a été attaquée sauvagement par son voisin ; à Pikine, Aziz Dabala et Le Réseau Paix et Sécurité pour les Femmes de l’Espace CEDEAO (REPSFECO) son ami Waly sont retrouvés morts dans son appartement après avoir reçu plus de 15 coups de couteau ; dans un canal à Bargny, Aïcha Ndong (14 ans) a été retrouvée morte ; à Grand-Yoff, un taximan a été tué par balle perdue, à Thies un double meurtre impliquant les jakartaman nous donne un mort par couteau et un autre par calcination.
Quelle cruauté ! Le constat sur ces séries est que les auteurs présumés de ces meurtres sont le fait de “jeunes personnes qui ont fait de la cruauté leur mode d’expression”. Cette cruauté se note dans d’autres faits antérieurs comme cette femme tuée par son mari à coups de couteau, un maître coranique poignardée à mort dans son sommeil par son talibé âgé seulement de 11 ans, ce corps calciné de la jeune femme Awa Bâ découvert en plein forêt dans le département de Tivaouane. Ainsi, la peur s’installe comme le souligne un jeune sénégalais interviewé par Seneplus « nous avons plus le droit de nous promener librement dans les rues de Dakar à cause des agresseurs et c’est dommage parce que cela impacte le peuple. » Nous, femmes du Réseau Paix et Sécurité pour les Femmes de l’Espace CEDEAO (REPSFECO), faisons une lecture inquiétante de cette série macabre et attirons l’attention sur l’extrémisme violent qui commence à faire son lit dans notre cher pays, le Sénégal.
Le Réseau Paix et Sécurité pour les Femmes de l’Espace CEDEAO (REPSFECO) Nous ne manquons pas non plus, d’être d’accord avec les experts en pointant du doigt “la dislocation sociale”, la pauvreté, le manque de socialisation des jeunes pour ces faits qui deviennent une banalité. La violence commence à prendre des proportions inquiétantes au Sénégal surtout dans les grandes agglomérations. Pendant ce même temps, le REPSFECO s’inquiète aussi du traitement de ces faits à travers les réseaux sociaux et par une certaine « presse » où les intervenants/auteurs de posts et articles s’érigent en enquêteurs, criminologues et diffusent sans cryptage des images choquantes. La situation est suffisamment grave pour ne pas la dénoncer avec véhémence et inviter la société surtout au sein des familles à se départir d’une certaine culture de la violence. Cette invite est d’autant plus importante que nous notons la récurrence d’accidents mortels qui sont le fait, selon les experts, de l’irresponsabilité des chauffeurs. En témoigne la dernière vidéo en ligne montrant en direct un accident causé par une conduite folle et irrespectueuse d’un chauffard. Nous faisons là face à une culture de l’irresponsabilité.
Notre invitation va aussi à l’endroit des leaders d’opinion (religieux, politiques, coutumiers…) et de l’État mais surtout des organisations de femmes. Nous leur Le Réseau Paix et Sécurité pour les Femmes de l’Espace CEDEAO (REPSFECO) demandons à s’impliquer dans une campagne continue de sensibilisation et de dénonciation des violences dans notre pays et à prendre les mesures nécessaires pour arrêter ces séries.
Fait à Dakar, le 30 aout 2024
Le Bureau Régional et National du Réseau Paix et Sécurité Pour les Femmes de l’Espace CEDEAO (REPSFEC