Cadre de haut niveau, Ibrahima Diouf n'a pourtant pas oublié qu'il est issu de Ngothie, une zone qui éprouve encore des besoins en termes d'infrastructures scolaires, sanitaires, etc., et où les populations sont toutes mobilisées pour répondre à l'appel de relever ensemble les défis de l'heure de leur village. Dans cet entretien, le contrôleur aux Impôts et Domaines justifie les conditions de naissance de son mouvement, fait un bilan des activités à son actif et étale ses ambitions de faire de Ngothie et de sa commune, des entités émergentes.
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Je me nomme Ibrahima Diouf, contrôleur des Impôts et Domaines au Centre des Services Fiscaux de Fatick, en charge du Bureau de recouvrement. Je suis natif de Ngothie, village situé dans le département de Kaolack, dans l'arrondissement du même nom, sur la route nationale entre Fatick et Kaolack, à hauteur de Gamboul à 2.5 km au Nord-Est, chef-lieu d'arrondissement de Ngothie.
Qu'est ce qui justifie la création de votre mouvement et quels en sont ses objectifs ?
Le Mouvement Agir pour une Commune Active et Solidaire (Macas) a été mis sur les fonts baptismaux, il y a un an de cela. Son objectif est de rassembler tous les fils de la localité, résidents comme non-résidents, à l'effet de diagnostiquer les difficultés qu'on vit ensemble, d'en trouver des solutions de manière collective et sans exclusion aucune. Mais de manière générale, il faut comprendre que les difficultés au niveau local sont assez nombreuses. Déjà, au plan sanitaire, il y a un problème d'infrastructures et d'accessibilité en termes de distances qui se posent avec acuité, tout comme un accès à des soins de qualité. Dans le même temps, au plan scolaire, les problèmes tournent de l'existence d'abris provisoires, l'absence de murs de clôture, d'accès aux fournitures scolaires mais aussi d'infrastructures (lycées). Nos élèves parcourent des kilomètres (6 à 7) pour y accéder, ce qui parait paradoxal au moment où l'on brandit partout le concept de ''l'éducation pour tous''. Chez les étudiants, de réels problèmes de logements se posent à Dakar, avec une prise en charge défectueuse par la commune de leur loyer. Chez les agriculteurs, des problèmes d'encadrement sont notés, mais aussi l'accès à des semences de qualité reste leur préoccupation majeure, surtout quand il y a une salinité des terres qui menace du côté de Sibassor. Cependant, dans le secteur de l'élevage, on note certaines attaques, et les acteurs éprouvent surtout un besoin d'encadrement, à l'effet de bénéficier de manière optimale aux avancées de la médecine animale. Voilà, entre autres, quelques points qu'on peut décliner ainsi.
Quelles sont les activités que vous avez déjà menées dans le cadre du MACAS ?
D'importantes activités sont menées. Chez les élèves, quand on a noté une baisse du niveau d'études, nous avions organisé des cours de vacances suivis de remise de prix pour un rehaussement justement de leur niveau. Par la suite, on a eu des échos favorables, comme quoi, les cours dispensés gratuitement, par des étudiants et des gens du village, ont eu des effets bénéfiques surtout au BFEM et au Bac, où on a eu un taux de réussite assez satisfaisant. Nous avions aussi lancé un slogan ''Un Ngothois, un sac de ciment'', avec pour objectif de faire cotiser tous les fils du village dans le but de clôturer le mur du dispensaire, à l'achat des tables bancs, à badigeonner les tableaux des salles de classe qui étaient dans une situation de délabrement très avancé, etc. C'était juste symbolique et pédagogique pour faire comprendre que devant certaines insuffisances de l'Etat, il appartient aux villageois de mettre la main à la pâte et de rien attendre des politiques. Nous avions pu regrouper également les femmes du village dans le cadre de leurs activités économiques pour les appuyer côté financement. Un certain montant a été dégagé et des activités génératrices de revenus étaient déjà entamées. Jusqu'à présent, les ASC et les autres regroupements en bénéficient.
Par ailleurs, il faut retenir qu'à l'approche de l'hivernage, des semences ont été distribuées à des nécessiteux, tout comme le matériel d'attraction qui faisait défaut pour certains paysans a fait l'objet d'un achat et d'une remise gratuite. En dehors de ça, nous organisons des activités sportives, et l'innovation de cette année a été d'impliquer les jeunes filles du monde rural à travers le hand-ball féminin pour développer les potentialités qui dormaient en elles. Mais aussi pour faire comprendre que la pratique sportive est possible dans le monde rural, et là, l'objectif est d'avoir une équipe locale de hand-ball avec reconnaissance administrative qui pourra compétir au niveau national, et de cette compétition, des talents pourraient être détectés pour notre plus grande fierté. Du côté du football, une compétition a été organisée récemment et la finale a eu lieu le vendredi 27 décembre. Cela a été sanctionné par une remise de trophée et de maillots, de même que des ballons remis aux équipes du hand-ball pour un bon démarrage dès l'entame de la prochaine saison. Il faut dire que le tournoi a été une bonne occasion pour les jeunes compétiteurs de se connaitre d'abord, d'échanger et de cultiver entre eux une bonne entente et un esprit conquérant afin de pouvoir, ensemble, trouver des solutions aux problèmes qui nous sont communs.
Quelles sont les perspectives qui se dessinent pour le MACAS ?
Nous comptons organiser très prochainement un forum dans chaque village, afin de réunir toutes les sensibilités et les différentes couches sociales qui seront accompagnées de techniciens dans les domaines de l'agriculture, de l'éducation, de l'élevage etc., pour diagnostiquer ensemble les problèmes et trouver des solutions qui seront consignées dans un tableau de bord qui servira de référence pour toute action de développement interne comme externe. Je rappelle que nous avions eu à recevoir une délégation de partenaires venus de la France, ils ont visité le village et en partant, ils ont promis, dans le cadre d'un partenariat, de nous accompagner dans nos projets de développement. Nous avons donc exploré le partenariat extérieur qui pourrait bien être source de financement des collectivités locales, notamment celle de la nôtre.
Autre perspective à court ou moyen terme, c'est la clôture de nos deux cimetières. Pour cela, une délibération a été adressée au maire et on va mobiliser l'équipe cadastrale de Kaolack pour avoir un plan bien ficelé. L'autre grande activité phare, c'est l'organisation d'une journée de consultations médicales gratuites avec un suivi en médicaments. Ce sera au plus tard pour le mois de Mai 2020. Cette activité s'étalera sur deux à trois jours, avec toutes les spécialités pour consulter toutes les franges de la population communale, avec éventuellement une distribution de médicaments quand c'est nécessaire.
Youssouf NDIONGUE