Mardi 31 juillet, un des reporters vedettes de CNN a été pris à partie lors d’un meeting du président des Etats-Unis à Tampa, en Floride. En plein direct, Jim Acosta, le correspondant de CNN à la Maison Blanche, a été apostrophé par des partisans de Donald Trump placés juste derrière lui : « CNN est nul ! », « Arrêtez de mentir ! »… Quelques jours auparavant, le 26 juillet, une des journalistes de la chaîne d’information s’était vu refuser l’accès à une conférence de presse à la Maison Blanche.
« J’ai eu l’impression de ne plus être aux Etats-Unis », a ensuite témoigné Jim Acosta sur son antenne. Sur Twitter, celui qui s’est distingué depuis le début de la présidence Trump par son ton combatif s’est inquiété de ce qu’une atmosphère de plus en plus hostile envers les médias « entretenue par Trump et certains médias conservateurs peut avoir pour résultat que quelqu’un soit blessé ».
« On ne devrait pas traiter nos compatriotes de cette façon. La presse n’est pas l’ennemie », a-t-il ajouté, accompagnant son message d’une vidéo montrant des militants de Trump en train de le conspuer. M. Acosta a également accusé la chaîne concurrente conservatrice Fox News d’alimenter la haine anti-CNN.
Théorie du complot
Dans la foule du meeting de mardi soir, les médias américains ont remarqué l’émergence de références, sous forme de banderoles ou sur les tee-shirts portés par des supporteurs de Trump, au mouvement conspirationniste et antiélite QAnon, abréviation de Q et de Anonymous. Ce groupe QAnon, particulièrement actif sur des plates-formes comme le forum 8chan, sur lequel pullulent théories conspirationnistes et promotion du harcèlement en ligne, est persuadé de l’existence d’une vaste conspiration mondiale à laquelle s’oppose Donald Trump. Leurs cibles sont pêle-mêle l’« Etat profond » – l’administration qui s’opposerait aux politiques de M. Trump –, les banquiers, Hollywood et l’élite démocrate américaine, notamment Hillary Clinton et Barack Obama. Dans cette vision délirante, la lettre Q fait référence à un supposé expert en sécurité du gouvernement qui publierait sur le Net des messages cryptés au sujet de cette cabbale.