La manipulation est en symbiose avec l'esprit du machiavélisme: tous les moyens sont bons, y compris l'instrumentalisation des personnes, des idées et des groupes dans un but qui ne leur est pas forcément dévoilé, mais toujours en lien avec la conquête et l'exercice du pouvoir. «C’est le procédé utilisé par Ousmane Sonko qui nourrit en permanence une volonté de manipuler ceux qui peuvent vous aider de même que les adversaires, soit pour les rallier soit pour les discréditer», selon Sanou Faye, responsable APR Diouroup et membre de la CCR. Car la manipulation, inhérente à la vie politique, fonctionne en général par rapport à un troisième acteur : l'opinion publique.
Pour Sanou Faye donc, «Ousmane Sonko, sachant qu’il sera condamné pour diffamation lors de son procès contre le ministre du tourisme Mame Mbaye Niang, appelle à la résistance, se faisant la victime comme quoi il n’a pas confiance à la justice. Le paradoxe, est qu'il a confiance à notre système de santé qu’il a toujours critiqué, et aux fonctionnaires qui ont fait le rapport du Prodac. Sonko s'est forgé une image de redoutable manipulateur...
C’est un expert en la matière. Cela commence très tôt dans sa carrière avec le faux. Il a aussi beaucoup utilisé son image de victime pour enrôler les sénégalais qui sont de nature compatissants, notamment comme auparavant pour nous divertir de l’affaire Sweet Beauty». Cette manipulation a pu conduire à une dizaine de morts. En effet, poursuit la responsable politique, «Sonko est dans la quintessence de la manipulation parce qu'elle est à double détente : l'une est orchestrée par ses partisans, qui utilisent des documents dans le but de déstabiliser le gouvernement, sans en connaître la falsification. L'autre, par lui même, qui dramatise la manipulation pour se "victimiser" et discréditer le Président à l'approche de la présidentielle de 2024.
C'est un procédé partagé par certaines formations politiques. La sur-médiatisation a permis d'augmenter l'impact de la manipulation, en propageant par exemple une rumeur à grande échelle. Mais il est vrai que les décryptages de plus en plus fréquents dans les médias compliquent la manipulation par le mensonge. D'autres biais sont cependant possibles, outre une présentation partiale ou partielle des faits : la production d'une image ou la distillation de petites phrases qui font la trame de l'information politique».