Dans sa croisade contre le régime du président Macky Sall, Ousmane Sonko, alors inconnu du grand public, faisait des révélations fracassantes qui, visiblement, indisposaient les tenants du pouvoir. Inspecteur des impôts et des domaines, il s’est fait une promesse d’honneur d’exposer toutes les pratiques peu catholiques de Macky Sall et ses souteneurs. Ses différentes sorties visant à dénoncer un vaste système de fraude fiscale finiront par provoquer l’ire du chef de l’État qui l’accuse, à travers ses seconds couteaux, de violer le devoir de réserve qui encadre son travail.
Ousmane Sonko sera finalement sanctionné avec sa radiation de la Fonction publique, le 29 août 2016.
Monsieur Ousmane Sonko, Inspecteur des Impôts et des Domaines (…) est révoqué sans suspension des droits à pension pour manquement à l’obligation de discrétion professionnelle prévue à l’article 14 de la loi n°61-33 du 15 juin 1961 », lit-on dans un décret signé le même jour.
C’est la fin d’une carrière (inspecteur des impôts et des domaines) et la naissance d’une autre (chef de parti politique) qui n’en est pas moins noble et moins intéressante.
Un an après sa radiation, Ousmane Sonko est élu député à l’Assemblée nationale et se place aujourd’hui comme le plus farouche opposant de Macky Sall.
Deux années plus tard, il est sorti troisième de la Présidentielle, derrière Idrissa Seck et Macky Sall (réélu pour un second mandat).
En 2022, Ousmane Sonko est élu maire de Ziguinchor, dans le cadre de la coalition Yewwi Askan Wi, qui s’est d’ailleurs adjugé des dizaines de collectivités à travers le pays. En juillet de la même année, ladite coalition, qui s’est liguée avec Wallu Sénégal, a pu obtenir plus de 80 députés, imposant une majorité relative au pouvoir de Macky Sall à l’Assemblée nationale.
Mais aujourd’hui 29 août 2023, marquant l’an VII de sa radiation, Sonko est condamné dans deux affaires (Sweet Beauté et Mame Mbaye Niang) et est arrêté pour plusieurs autres chefs d’inculpation.
Placé sous mandat de dépôt depuis le 31 juillet dernier, l’opposant politique, dont le parti est également dissous, est admis au service des urgences de l’hôpital Principal de Dakar où il continue sa grève de la faim.