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ENTRETIEN – POLITIQUE / OUSMANE SAMS NDIAYE, PASTEF GUEDIAWAYE : «Nous avons un seul et unique interlocuteur, c’est le peuple sénégalais»

ENTRETIEN – POLITIQUE / OUSMANE SAMS NDIAYE, PASTEF GUEDIAWAYE : «Nous avons un seul et unique interlocuteur, c’est le peuple sénégalais» Spécial

 Sociologue et membre des Cadres de Pastef, Ousmane Sams NDIAYE s’érige en parfait défenseur de son leader Ousmane Sonko dont la sortie récente continue de d’alimenter les commentaires. Comme pour donner carte blanche au Premier Ministre sur les actes qu’il pose, Sams Ndiaye revient, dans cet entretien, sur ce qui caractérise le discours de son homonyme et ce qu’il convient de retenir en définitive. 

Vous avez suivi le discours du premier ministre Ousmane Sonko à la Conférence de la JPS. Quelle lecture en faites-vous?

 Oui le président du PASTEF a répondu à l’appel de ses jeunes, en l’occurrence la JPS. Mais en réalité, c’était un prétexte pour parler à l’ensemble des jeunes du pays, qui représentent l’essentiel de la population, où 78% de la population a moins de 35 ans. Ces jeunes ont participé activement à l’élection de la coalition Diomaye Président. C’est eux en réalité qui ont protégé le projet contre les assauts du régime précédent. Il est donc tout à fait normal de répondre à leur appel. Il en a profité pour les appeler à avoir une posture citoyenne, à participer à la reconstruction du pays à travers des actions d’intérêts communautaires, telles que cultiver la terre, reboiser des arbres, construire des salles de classe etc. Cet appel montre son engagement à faire de la jeunesse un acteur central du changement et du développement du Sénégal. Ces actions concrètes visent à catalyser l’énergie positive qui déborde chez ces jeunes et qui tourne autour de l’essentiel, qui est le PROJET. Il en a aussi profité pour se prononcer sur certains débats politiques soulevés dans la place publique. C'est ce dernier qui a semblé susciter certaines réactions et c’est normal. Les sorties politiques de PROS ont toujours fait débat.

Oui mais, à un certain moment, ce n’était plus le président de parti qui parlait, mais le premier ministre qui a même, par moment, mis sur la place publique des dossiers d’Etat. Est-ce que Ousmane SONKO se met dans la peau d’un PM finalement ?

 Est-ce que vous avez vu Ousmane SONKO premier ministre s’exprimer durant ces différentes sorties? Si vous l’aviez observé depuis deux mois, vous vous rendriez compte de la conscience que ce monsieur a des charges qui pèsent sur ses épaules, de l’espoir que lui et son gouvernement suscitent. Il parle avec beaucoup de mesure et se comporte avec humilité, ça, c’est le PM. Mais au Grand Théâtre, on a retrouvé l’homme politique que l’on connaissait, j’allais même dire le PROS qu’on aime. Il est direct, il est cash et parle sans gang. C’est son style, sa marque de fabrique. C’est cette communication, que certains ‘’sachants’’ fustigent depuis ses débuts, qui l’a fait sortir de l’anonymat pour faire de lui le leader de l’opposition avant d’emmener son parti et sa coalition au pouvoir. C’est peut-être difficile, mais il fait bel et bien la différence de rôle dans la posture mais aussi dans le discours.

 S’il n’était pas PM, est ce qu’il aurait eu connaissance des dossiers qu’il a évoqués, notamment le rapport sur le PRODAC ? On l’a vu également parler du ministre de la justice qui lui aurait demandé son avis sur un dossier. Quelle est votre réaction dans ces deux cas ?

 Vous savez, la reddition des comptes est une demande sociale et fait partie des promesses de campagne de la coalition Diomaye Président. Les jeunes s’impatientent et il fallait leur faire comprendre que les dossiers sont en cours. Le PRODAC qui est l’un des meilleurs projets du régime sortant en termes d’emploi des jeunes avec un financement de 29 milliards a été un échec. Un rapport a épinglé un ministre sur la gestion de ces fonds. Ousmane SONKO opposant alors, avait été accusé de diffamation par ce ministre disant que le rapport n’existait pas. Sonko est condamné à 6 mois de prison avec sursis et une amende 200.000. S’il s’avère que ce rapport existait, ce serait une des plus grosses trahisons de l’histoire politique du Sénégal qui impliquerait de hauts responsables de l’ancien régime. Si ces fonds peuvent être recouvrés, aucun effort ne serait trop parce que c’est un projet qui était destiné à ces jeunes qui sont là et qui ne demandent qu’à trouver du travail. Donc l’audience est bien choisie pour parler de ce dossier.  C’est également le lieu de faire comprendre à ces jeunes-là que personne ne serait protégé. Être membre de PASTEF ne donne aucune forme d’immunité. En guise d’exemple, il a demandé à son ministre de la justice, qui a l’obligation de lui rendre compte, de poursuivre quiconque commet un délit, crime de quelque bord qu’il se situe. C’était cela le message. Toute autre considération est superfétatoire.  

Il a aussi menacé ouvertement des magistrats, la presse, anciens ministres etc. Il a tiré sur tout le monde. Est-ce que c’est son rôle ?

Il a juste rappelé des principes. Il n’y a pas de citoyens à part ou groupes intouchables. Chaque métier a des règles que chacun doit respecter. Que l’on soit magistrat, journaliste ou même ministre. Le non-respect de ces règles peut conduire à des poursuites. Et pour cela, il faut une justice forte avec des magistrats indépendants et justes. Certains magistrats qui avaient été utilisés par l’ancien régime pour perpétrer certains forfaits ne doivent pas rester sur place. La liberté de la presse n’est pas un passe-droit pour dire n’importe quoi. Les journalistes doivent répondre de leur publication. Ce ne sont pas des attaques, mais des rappels visant à améliorer le système judiciaire. En appelant à la transparence et à la responsabilité, il cherche plutôt à réformer une justice qui, selon lui, a effectivement besoin de refaire sa mue. C'est une démarche pour parfaire un système essentiel à la démocratie et à la bonne gouvernance. 

On a vu une levée de boucliers de certains leaders politiques, patrons de presse et chroniqueurs contre la sortie de PROS, Quelle est votre appréciation de tout cela ?

 Nous sommes en démocratie et les gens sont libres de donner leur opinion et commentaires sur un discours politique. Dans l’absolu, et comme l’a toujours dit le PROS, nous avons un seul et unique interlocuteur, c’est le peuple sénégalais. Ces opposants à ce nouveau régime sont ce qu’on appelait l’opposition à l’opposition. Cette presse qui s’agite est la même qui avait traité le PASTEF, son leader et ses militants de tous les noms. Ils sont libres de commenter et nous restons focus sur notre mission avec rigueur, discernement et surtout beaucoup de courage. Le gouvernement continuera à se battre pour la transparence fiscale, à mobiliser la jeunesse et à réformer la justice.

Youssouf NDIONGUE

 

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