Est-ce le début de la fin pour la Centrale à Charbon de Sendou ? Tout porte à le croire, selon le Rapport de suivi du Mécanisme Indépendant d’Inspection de la Banque Africaine de Développement produit en Juin 2020. Aussitôt le fameux rapport parvenu en Juillet au niveau des plaignants de Bargny, ces derniers, après plusieurs concertations, ont décidé de porter l’information auprès de l’opinion nationale et internationale. Ainsi le Réseau des Associations pour la Protection de l’Environnement et de la Nature (en acronyme Le Rapen) qui regroupe l’ensemble des communautés impactées par la Centrale de Sendou , après avoir examiné le rapport de la BAD d’une part, et étudié les propos de Mme l’Administrateur de la dite Centrale dans sa communication tout azimut, a convié à une conférence de presse dans la matinée du Samedi 15 Août, à son siège sis à Bargny.
Vérité et Justice
Animé que par la recherche de la vérité et le triomphe de la justice depuis 2008, le Collectif des impactés de la Centrale à Charbon de Sendou, devenu entretemps, le Réseau des Associations pour la Protection de l’Environnement et de la Nature tient en conférence avec les journalistes afin de lever des équivoques pour rétablir la vérité des faits.
Au siège du Rapen à Bargny, les principaux responsables de ce réseau ont pu communiquer sur quelques temps forts de l’implantation de la Centrale, sur des impacts causés, avant de terminer par une interpellation du Président de la République. Cheikh Faye de l’Association « Seuti Mame Ndogol » (les petits-fils du génie protecteur de Bargny), membre du Rapen, a ouvert par les prières d’usage. Premier à intervenir, Cheikh Fadel Wade, Coordonnateur du Réseau allait se réjouir lui de la production d’un tel rapport par le Mécanisme Indépendant de la BAD qui accablait à plus d’un titre la gestion nébuleuse et chaotique de la Centrale de Sendou et donnait raison aux plaignants qui ont toujours montré, une opposition farouche à l’implantation de la Centrale en ces lieux. Il n’a pas manqué de souligner toute l’importance de l’accompagnement des partenaires tels que l’ONG ‘’Lumière Synergie Développement’’ dans tout le processus de lutte contre l’implantation de la Centrale à Charbon. Le rapport donnait davantage raison aux impactés des communautés d’autant plus que, selon Daouda Lari Gueye, Président de Bargny Coast Waterkeeper, une autre entité membre du Rapen : « de 2008, date de signature du contrat d’achat d’énergie à 2018, date effective de mise en service de la Centrale soit 10 ans après, beaucoup de manquements plombent le fonctionnement réel et normal de cette dernière : ces manquements se résument en une incohérence totale du plan de déroulement, la non-conformité, l’absence d’un plan de réinstallation involontaire des affectés, la démission en cascade d’actionnaires potentiels, plusieurs pannes techniques et 25 mesures correctives hautement prioritaires à côté de plusieurs raccourcis pris pendant la construction et la mise en service. Last but not least, sur le plan financier, la CES est en faillite; elle est redevable à ses créanciers et à la BAD, pour défaut de paiement des intérêts pendant le différé d’amortissement... ». Lui succédant, Fatou Samba, Présidente des femmes transformatrices du site de Khelcom qui jouxte la Centrale, affirme avec force : « cette cohabitation n’a fait que porter préjudice aux intérêts de plus d’un millier de femmes qui gagnent leur pain quotidien en transformant les produits de mer depuis leur plus jeune âge en compagnie de leurs mères et grands-parents. Déjà qu’à cause des eaux usées de la Centrale déversées sur le site le 20 Janvier 2019, toute la production a été totalement contaminée, détruite et ne pouvait plus être amenée vers l’intérieur du pays et exportée dans la sous-région. Elle rappelle, contrairement à des allégations, que les Présidentes des groupements légalement constitués sur le site n’ont jamais sollicité et ne solliciteront jamais la centrale pour une action quelconque... ». Il revenait alors à Ibrahima Diagne, Président de Takkom Jerry, d’enfoncer le clou en relevant avec force les contrevérités de celle qui administre la Centrale, de mettre à nu la délinquance financière des banques qui ont levé les fonds entre 2009 et 2015 alors même que, jusqu’en Octobre 2018, le projet avait encore du mal à prendre son envol. Il a demandé par la suite à l’Etat du Sénégal de prendre toutes ses responsabilités face aux dérives communicationnelles, et aux tentatives de corruption et de détournement de l’opinion publique avant de revenir pour dénoncer avec force la délinquance procédurale de la BAD qui a violé ses propres règles environnementales et sociales. Ndèye Yacine Diagne, elle aussi membre du réseau et Présidente de l’Association pour la Valorisation de l’Environnement et des Côtes (A.V.E.C.) a surtout, dans son speech insisté, à la suite de ses camarades du Rapen, sur la nécessité, pour les décideurs au plus haut sommet d’appliquer et de faire respecter les textes et règlements en vigueur dans notre pays.
Aby Dia, Chargée de programme à Lumière Synergie Développement venue représenter un partenaire privilégié Aly Sagne, son Directeur Exécutif de ladite ONG, n’a pas manqué de dire ceci : « la BAD n’a qu’à se retirer sur le financement du Charbon, à arrêter sur tout ce qui est énergie fossile en commençant par Sendou... ». Prononçant le mot de la fin, non sans avoir remercié la presse venue couvrir la conférence, le Coordonnateur du Rapen a lancé au nom de tous ses camarades, au nom de toutes les communautés impactées à Bargny et localités environnantes ces propos : « nous demandons solennellement au Président de la République, lui qui lors de la COP25, avait déclaré le renoncement de l’Etat du Sénégal à tout ce qui est production de Charbon, de faire arrêter la Centrale de Sendou qui n’apporte que nuisance et désolation aux populations ».
Cheikh Mbodj