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DEUX ANS APRES L'APPARITION DU PREMIER CAS DE COVID 19 AU SENEGAL : Où en est-on dans la gestion-prévention pour son éradication définitive?

DEUX ANS APRES L'APPARITION DU PREMIER CAS DE COVID 19 AU SENEGAL : Où en est-on dans la gestion-prévention pour son éradication définitive? Spécial

PREMIER CAS DE COVID 19 AU SENEGAL : Où en est-on dans la gestion-prévention deux après ?

2 Mars 2020 - 2 Mars 2022, il y a deux ans, jour pour jour, le Sénégal enregistrait son premier cas de Covid 19. L’apparition du virus-tueur dans le pays a provoqué un vaste chamboulement, tant sur les programmes de développement en cours, qu’il laisse apparaître des manquements dans les plateaux médicaux de nos structures de santé. Parallèlement à l’avènement de ce nouveau fléau sanitaire mondial, certaines personnes voyaient, avec cette maladie qui venait d’être officiellement déclarée pandémie par l’OMS, une nouvelle stratégie pour imposer à l’Afrique des vaccins. Les autorités du Sénégal, avec en tête le Président de la République, essayaient de ce fait de prendre le taureau par les cornes en initiant des mesures hardies de gestion et de prises en charge des nombreux cas de contamination que les structures sanitaires ne pouvaient plus contenir. Aujourd’hui, deux ans après, où en est-on dans la gestion de cette maladie? Comment les États africains se comportent-ils dans la fabrication de leurs propres vaccins et médicaments? Et bien d’autres questions relatives à la sensibilisation qui se posent avec acuité, et dont le journal L’Exclusif a tenté d’y apporter des réponses.

On l’entendait pour la première fois le 16 novembre 2019, à Wuhan, en Chine, et plus tard, dans les autres pays européens et américains, mais très peu en Afrique avec seulement 3 pays que sont l’Algérie, l’Egypte et le Nigéria. Mais, c’est comme si la terre nous dévorait les pieds à l’annonce de la présence, dans nos murs, d’un ressortissant français, porteur du virus. C’était le 2 Mars 2020, et à partir de cette date, tous les sénégalais, à l’unanimité, avaient les yeux rivés sur les chaînes d’informations nationales, européennes et étrangères pour suivre, avec une attention empruntée, l’actualité marquée par l’apparition de ce virus ravageur qui a fini d’apeurer l’humanité toute entière au regard des centaines, voire des milliers de morts qu’il a fini d’aligner. Avec un mode de contamination d’une rapidité inouïe, les cas de Coronavirus, hôte indésirable du monde entier, se multiplient à une vitesse vertigineuse, prenant de cours les nations dont les plateaux médicaux sont les plus courus, affaissant sur son passage les économies les plus solides, et désintégrant le tissu social des familles soudées en leur imposant la distanciation sociale. Une situation inédite venait de se passer dans le monde et appelle à une réaction urgente et efficace pour son éradication définitive. Ainsi, toutes sortes de stratégie sont expérimentées pour faire face à cette pandémie qui a fini de dicter sa loi. Au Sénégal, avant la réception officielle des premières doses de vaccin, l’Etat du Sénégal a mis en place le Programme de résilience économique et sociale (PRES), avec un budget de 1000 milliards de nos francs, et a pris une mesure peu appréciée en décrétant le couvre-feu.

Coronavirus

Il a également préconisé le port de masques obligatoire et le lavage fréquent des mains avec de l’eau et du savon en plus de l’usage du gel hydro alcoolique, fermé les structures à grande affluence (écoles, universités, marchés, édifices religieux, etc.), bref, une batterie de mesures pour juguler le mal qui, malgré ces mesures hardies, résiste avec son lot de contamination, de décès, et de craintes d’être la prochaine victime. La terreur s’était définitivement installée, surtout quand de grandes personnalités politiques, sportives, religieuses, coutumières sont annoncées mortes des suites d’une contamination au coronavirus. Ainsi, les scientifiques, médecins, chercheurs et autres laborantins et firmes pharmaceutiques montaient au front et se mettaient sur le qui-vive pour libérer le monde, et heureusement que leurs recherches sont révélées fructueuses pour avoir permis de trouver, pas un remède définitif, mais un vaccin qui, pour le moment, pourra éviter l’évolution et la propagation de la maladie qui se manifestait par des difficultés respiratoires, d’où son nom de SARS-Cov 2 en anglais ou syndrome respiratoire aigu sévère en français.

Aujourd’hui deux ans après, c’est 1960 individus (chiffre officiel émanant des services du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale) qui ont perdu la vie après la déclaration du premier cas de Covid 19 au Sénégal. Du chemin a, certes, été parcouru, mais la maladie est encore là, et n’a pas du tout dit son dernier mot. Il  y a lieu de maintenir le débat sur la gestion-prévention de la crise, et de susciter des réflexions sur la question, car la lutte contre la pandémie est devenue, depuis lors, l’affaire de tous, notamment de l’Etat, la société civile, des ONG telles que One Campaign. L’objectif est double : inciter les décideurs à faire preuve d’ingéniosité dans la lutte par la fabrication de nos propres vaccins et la mise en place de stratégie à même de renforcer le système national de santé. Mais aussi, d’en informer les populations dans la prévention par la vaccination et par le respect des gestes barrières. Deux éléments essentiels qui, s’ils sont résolus, auront un fort impact dans l’éradication définitive de la maladie  à coronavirus.

 

Fabrication de nos propres vaccins anti-Covid

 

Sous l’impulsion du chef de l’Etat, le Président Macky Sall, et la détermination des services du département de la Santé et de l’Action Sociale, le Sénégal fait partie des six pays d'Afrique qui ont été choisis pour héberger leur propre production de vaccins à ARN, en tant que premiers bénéficiaires du programme mondial de l'OMS de production de ces vaccins. En effet, l'Afrique du Sud, l'Egypte, le Kenya, le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie ont été choisis par l'Organisation mondiale de la santé afin de permettre au continent africain, qui a souffert d'un accès restreint aux vaccins anti-Covid, de fabriquer ses propres vaccins pour lutter contre la pandémie de coronavirus, mais aussi d'autres maladies. Le visage radieux et optimiste, le premier des sénégalais suscitait l’espoir à l’annonce de cette information qui devait enterrer définitivement le doute sur l’origine et les effets des vaccins dont (sic) ‘’certains esprits y voyaient un moyen de liquider la race africaine’’. «Que non, les africains se sont toujours vaccinés contre les maladies et les pandémies sans que des conséquences aussi dramatiques ne soient corrélées», rassurait Dr Dieng du Centre de Santé de Yeumbeul Sud, en banlieue Dakaroise. Mais, on aura aussi noté l’avènement d’une guerre commerciale entre firmes concurrentes, et ceci jusque dans les mentalités. Bref, toujours est-il que vu la persistance de la pandémie, et qu’aucun médicament n’ait encore été fabriqué pour sa guérison, seul le vaccin peut permettre aux populations de faire face, en y combinant les mesures dites de barrières, notamment le lavage fréquent des mains avec de l’eau et du savon et l’utilisation régulière du gel hydro alcoolique. Pour fustiger cette dépendance en médicaments des pays africains aux grandes puissances, le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, déclarait déjà que «la pandémie de Covid-19 a montré mieux que n'importe quel autre événement que s'en remettre à une poignée d'entreprises pour fournir des biens publics mondiaux est restrictif et dangereux». Selon lui, «la meilleure façon de faire face aux urgences sanitaires et de parvenir à une couverture sanitaire universelle est d'accroître considérablement la capacité de toutes les régions à fabriquer les produits de santé dont elles ont besoin», ajoutait M. Tedros qui n'a cessé de réclamer un accès équitable aux vaccins afin d’éliminer la pandémie, et de s'insurger contre le fait que les nations riches se soient accaparées les doses pour elles-mêmes, laissant ainsi l'Afrique sans grand accès à la vaccination. Et c’est dans ce contexte de nécessité de démocratiser la fabrication des médicaments qu’une cérémonie marquant l'annonce du transfert de technologie de l'ARN avait eu lieu à Bruxelles lors du sommet entre l'Union européenne et l'Union africaine. «Nous avons beaucoup parlé de la production de vaccins ARN en Afrique (l'ARN contenu dans ces vaccins contre la Covid-19 sera converti en protéine S (Spike) qui se retrouve sur l'enveloppe du virus Sars-Cov-2). Mais ceci va encore plus loin. Il s'agit d'une technologie ARN conçue en Afrique, menée par l'Afrique et appartenant à l'Afrique», soutenait ainsi la présidente de la Commission européenne.

L’importance de sensibiliser les populations à se faire vacciner

Ce serait presque un miracle d’arriver à injecter certaines personnes qui jurent de ne jamais prendre le vaccin. Certains préféreraient même mourir que d’être vaccinés contre la Covid. Les multiples séances d’explications et de sensibilisation pour leur faire comprendre les ravages de la maladie et ses conséquences sur l’économie ne peuvent servir à grand-chose. Cette considération négative du vaccin avait poussé le Président Macky Sall à déclarer : «Si vous ne vous vaccinez pas, je vais devoir envoyer les lots de vaccins que nous avons acquis chers vers les pays limitrophes qui en auront grandement besoin». Mais n’empêche, il n’y a pas eu grand rush vers les structures sanitaires pour se faire vacciner, conséquence, les vaccins sont jetés à la poubelle parce que simplement ils sont périmés. Cette situation a permis à certaines organisations de la société civile, en plus de la vaste campagne de communication des services de l’Etat, de jouer leur partition. C’est le cas de l’ONG Campaign qui a initié des campagnes de communication et d’interventions sur le terrain en guise de stratégie efficace pour toucher les différentes couches de la société. Mais pour Désiré Assogbavi, Directeur de l’Afrique Francophone de One Campaign, «cela passe par une formation des hommes et des femmes de média afin de mieux porter l’information sur la nécessité d’inculquer aux porteurs de voix le devoir d’amener les populations à se faire vacciner et à adopter les mesures de prévention». L’objectif est surtout de dissiper les doutes nourris depuis le début par nombre de Sénégalais quant à la gravité de la maladie, au scepticisme répandu vis-à-vis de la vaccination, et des  conséquences liées à la crainte des effets secondaires des vaccins, notamment l’Astra Zeneca. Pour Monsieur X, membre du personnel de santé, sous couvert de l’anonymat certainement pour ne pas subir les vociférations de ses supérieurs hiérarchiques, «les gens ne se pressent pas pour se faire vacciner. Quelqu’un m’a soufflé son manque de confiance à cause de la gratuité du vaccin. Ce sont ces genres de considérations qu’il convient de parer au plus vite si l’on veut un rush dans les structures de santé».

Youssouf NDIONGUE

 

 

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