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Malal DIALLO Pithi

Malal DIALLO Pithi

A l’mage des anciens Chefs d’Etat de la République du Sénégal, notamment les Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, l'Association des Anciens Parlementaires et Ministres du Sénégal, dans un communiqué rendu public, se prononce sur la situation politique nationale. Voici le texte in extenso.

 

«Au regard du contexte sociopolitique national caractérisé par les évènements récents qui risquent d’impacter négativement le Sénégal, l’Association des Anciens Parlementaires et Ministres du Sénégal (AAPMS), préoccupée par cette situation marquée par la perte en vies humaines, présente ses sincères condoléances aux familles éplorées et prie pour un prompt rétablissement des victimes.

 

Mais, fidèle à son rôle de régulateur dans les conflits sociaux (conformément à l’article 2 de ses statuts), l’Association des Anciens Parlementaires et Ministres du Sénégal salue la décision du Conseil Constitutionnel dans l’exercice des fondamentaux juridiques, démocratiques et institutionnels du Sénégal, salue encore une fois de la maturité du peuple sénégalais, et accueille favorablement l’appel au dialogue national ouvert, lancé par son Excellence, Monsieur le Président de la République. L’AAPMS lance aussi un appel solennel à toutes les forces vives de la Nation, à la suite des autorités religieuses et coutumières, de la CEDEAO, de l’UE, et les invite à participer au dialogue en vue d’arriver à des consensus forts sur les différentes questions afférentes au processus électoral et à la vie nationale.

 

 L'association des anciens Parlementaires et Ministres du Sénégal se réjouit enfin de la déclaration conjointe faite par les anciens Chefs d’Etat du Sénégal, SEM Abdou DIOUF et SEM Abdoulaye WADE, visant à pacifier le climat sociopolitique et favoriser la paix, la stabilité et la cohésion sociale.                                                                                                          

 

 

Le Sénégal politique vit un contexte particulièrement chargé où  il se joue moins les enjeux d'une élection, si cruciale soit elle pour un grande  démocratie comme le nôtre , que la préparation de notre pays à son entrée dans une nouvelle ère  de sa trajectoire politique et  démocratique .

Les crises entre les acteurs politiques qu'il faut distinguer des crises politiques en République ont objectivement atteint de nos jours une profondeur et une intensité hors du commun ; Au point d' aboutir à cette  situation de quasi impasse par le blocage objetif du processus électoral au stade si avancé où il en etait .

Au delà des prises de positions et commentaires véhéments et radicaux inévitables en pareilles circonstances,  il y a bien lieu  de permettre que les regards les plus différents se croisent pour fournir les meilleurs éclairages possibles sur ce si grand sujet de portée nationale. 

Il convient de rappeler que nous vivons  depuis 43 ans sous l'empire  d'un  modèle de "démocratie multipartisane illimitée "  selon la formule du Président Abdou Diouf qui en a ete l'instigateur à son arrivée au pouvoir en 1981 . 

Le système electoral négocié depuis lors  entre les acteurs politiques  a permis la survenue de deux alternances à la tète de l'état et engendré un elargissement sans précédent des espaces de libertés .

Plus de 300 partis politiques , des centaines d'organisations syndicales , une grande  explosion médiatique dans toutes les filières,  toutes choses qui font du Sénégal un modèle de démocratie de référence partout à travers le monde .

Quoiqu'en disent les adversaires du pouvoir en place , le Sénégal a bien  gardé  son rang   de grand pays de démocratie.C'est précisément pour cette raison d'ailleurs que le pays prend sa part de la profonde crise que traverse le modèle de démocratie libérale représentative qui n'épargne aucune grande démocratie au monde , y compris celles qui se présentent en donneurs de leçons chez nous . Au moment même où chacune vit chez elle les tumultes et les tourmentes d'une ébullition sans précédent dans son espace politique local  . Les cas les plus connus étant ceux de la France et des États-Unis d'Amérique où les incertitudes des lendemains politiques sont , sous certains rapports,  aussi sérieuses,   graves et inquiétantes que chez nous .

Tout cela pour dire que nous sommes au cœur d'un modèle de démocratie libérale à bout de souffle .  Les moments que nous traversons,   au lieu de nous inciter à une surenchère collective objectivement suicidaire pour tous ,  devraient plutôt nous porter au courage d'entreprendre les réformes de fond qui sont fondamentalement des réformes de gouvernance de nos états dans le cadre de systèmes rénovés qui placent pour une fois les citoyens et les acteurs réels de la vie économique,  sociale et culturelle  au cœur du débat public et des processus décisionnels majeurs .

Aucun changement au sommet de notre état ne peut être liberateur de notre potentiel optimal de  développement sans le préalable d'un nouveau régime politique avec des institutions réformées dans le sens de nous  libérer  de la tyrannie de castes politico- bureaucratiques . Le système étant structuré de façon telle qu'une fois au sommet  de l'état par les moyens du suffrage citoyen, on  s'installe naturellement ,  souvent sans s'en rendre , dans un entre-soi objectivement mortel pour les dirigeants et pour la société dans son ensemble . 

C'est pourquoi,  quelles que soient aujourd'hui les performances réalisées en termes de bilan physique , les attentes citoyennes en  matière de gouvernance sont devenues toutes  aussi essentielles que les demandes sociales qui s'expriment dans les différents secteurs de la vie nationale  . 

Il doit par conséquent être entendu que le seul projet politique qui vaille aujourd’hui à nos yeux est celui qui ouvre la possibilité de rétablir la relation organique et de confiance entre l'état et la société,  les administrateurs et les administrés,  les dirigeants et les citoyens.  En un mot , réconcilier le "Sénégal d'en haut " avec  le 'Sénégal d'en bas " . Ce qui passe nécessairement par la profonde refondation de notre régime politique dans une perspective de rupture totale avec le Presidentialisme de type monarchique hérité de la France du général De Gaulle,  modèle soit dit en passant  qui n'existe nulle part ailleurs à travers le monde .soumis à l'épreuve de la pratique sur plus d'un demi-diecle , ce modèle se révèle vicié à la base en ce qu'il porte intrinsèquement en lui les travers de " l'exercice solitaire du pouvoir " et du " pouvoir personnel sans partage " .

C'est la raison pour laquelle nous en sommes arrivé à la conviction qu'on aura beau nous laisser aller à des radicalités  contre-productives à tout point , voire même suicidaires pour notre pays  , le Sénégal n'en tirera profit qu'à la condition de saisir l'opportunité du dialogue ,   unique voie praticable de sortie de crise , pour nous entendre sur les termes de  la refondation de ce  modèle de gouvernance en fin de de parcours historique . Nous ne pouvons faire l'économie,  si nous voulons réellement aller de l'avant,  de penser et inventer un modèle de gouvernance qui nous soit propre , qui nous sort du mimetisme , y compris dans nos manières de mener nos combats .  Comment par exemple,  le recours systèmatique aux moyens de la grève à l'école peut il avoir sens dans le contexte d'un pays pauvre en lutte pour son  développement où l'école publique est le principal moyen de garantie d'égalité des chances de réussite sociale entre enfants issus de catégories sociales marquees par des grandes disparités ? 

Ce sont des questions majeures qu'on ne saurait éluder si tant il est vrai que le souci partagé est celui  de sortir nos pays du sous-développement  .

On ne peut toutefois y arriver si nous n'entreprenions tous l'effort de nous  soustraire de la tyrannie que le complexe politico-médiatique exerce sur nos " démocraties d'opinion " où on existe plus par les " coups de communication " dont on est capable que par la qualité des idees qu'on professe .

Au point que tout le système est pris en otage par des agitateurs, professionnels de la parole publique au détriment des acteurs du champ de la vie réelle et des authentiques porteurs de projets d'émancipation économique et sociale.

L'appel lancé ce jour par les coordination des organisations patronales du Sénégal ne dit pas autre chose lorsque les acteurs du secteur privé rappellent que  l'agenda républicain n'est pas que  politique . Il est aussi  social et économique " 

Rappel important au regard de la configuration de notre économie réelle dont la parole publique des acteurs est bien loin d'être le reflet de ce qu'ils représentent dans la vie authentique de notre nation.

Il est utile de nous rappeler à cet égard que le Sénégal compte de nos jours plus de 18 millions d'habitants. La fraction active  de cette population génératrice des revenus des ménages est constituée de 6, 5 millions d'hommes et de femmes qui logent , habillent , nourrissent,  soignent , éduquent et préparent à l'exercice d'un métier les enfants et jeunes à leurs charges , en même temps qu'ils entretiennent des parents que l'âge a éloigné de l'activité productive. 

Savoir que la fraction de  ses actifs issus du secteur formel,  public et privé confondus,  compte à  peine 500 mille salariés au total , parmi lesquels 178 000 appartenant au secteur public dont les 100 000 sont enseignants. Les salariés du secteur privé formel étant moins de 300 000 dans leur globalité. 

Rappeler ses chiffres est important car ça rend compte de l'extrême déséquilibre entre la fraction modeste en nombre des acteurs du secteur formel (   500000 )   parmi lesquelles , quelques  centaine pas plus , issus de l'école publique,  se croient dépositaire privilégiés de  la parole publique,  y compris ,  le droit sous prétexte de démocratie ,  d'installer un climat permanent de tension et de conflits sans fin dans l'espace public par médias interposés.

Le temps n'est il pas arrivé de replacer les autres 6 millions de  nos compatriotes , du "Sénégal d'en  bas " qui font le  quotidien du pays  dans l'économie réelle , cette économie sociale dite non structurée au cœur des débats et de la décision ?

Les réalités sont les mêmes dans les sphères religieuses qui structurent et encadrent le quotidien de millions de Sénégalais au sein de nos communautés. Même chose avec les travailleurs du secteur productif , des entreprises et des administrations qui gèrent leur vécu social avec leurs organisations syndicales representatives .

Recentrer sur ces acteurs en mettant à contribution la masse critique extrêmement riche et diversifiée de grands intellectuels et cadres seniors que compte le pays dans tous les domaines de compétences , y  compris les plus pointus ;  C'est cet exercice d'échanges vivifiants et enrichissants  que nous devons entreprendre ensemble et nourrir en permanence dans le cadre du dialogue de type nouveau que nous impose la situation actuelle que vit le Sénégal.

Il est de notre devoir et de  notre responsabilité,  comme nous y invite le Khalife Général des Tidianes Serigne Babacar Sy Mansour , les anciens Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade , ainsi que  toutes les personnalités de bonne volonté et de bon conseil de faire prévaloir la retenue,  la sérénité et la sagesse en ces heures graves qui vit notre pays   

Le Sénégal et les Sénégalais passeraient dramatiquement  à côté de " quelque chose " si le dialogue auquel convie le président Macky Sall n'était pas saisi comme une grande et belle opportunité d'emprunter   la voie d'une sortie de crise par le haut dans un esprit de réconciliation nationale. 

On passerait tout autant à côté de " quelque chose " si on manquait l'occasion de ce dialogue pour rompre définitivement avec le Presidentialisme de type  Jupitérien et monarchique , mode de gouvernance d'un autre âge et pour la refondation de tout l'écosystème de notre démocratie  

Ces moments critiques que traverse le Sénégal doivent déboucher sur des accords  en faveur d'un régime politique nouveau,  avec des pouvoirs rééquilibrés entre les différentes institutions qui le composent . 

L'occasion devrait être également saisie  pour rompre avec cette conception naïve et quelque part infantile de la démocratie , en  restituant à celle ci toute sa noblesse d'un modèle de gestion sereine de la cité , qui fait prévaloir le consensuel sur le conflictuel et qui allie autant droits et devoirs,  que libertés et responsabilités.

 

Abdou Fall Ancien Ministre d'état 

Fait à Thies ce 14 février 2024

Sous la présidence du Préfet de Guédiawaye, M. Saïd Dia, des autorités de Police, des Sapeurs Pompiers, du Service d’hygiène, le Comité Départemental de Développement (Cdd) préparatoire pour la Hadaratoul Jummah qui se tient annuellement a stade Amadou Barry, s’est tenu ce mardi dans les locaux de l’ancienne mairie de la Ville. M. Khalifa Sylla, Président du comité d’organisation de cette initiative portée par la fédération départementale des Tidianes de Guédiawaye a décliné tous les besoins nécessaires à la réussite de cette manifestation qui va encore drainer des millions de pèlerins qui viendront des quatre coins du Sénégal afin de perpétuer l’œuvre gigantesque de Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine qui avait donné ‘’ndigeul’’ à Serigne Fattah Sarr d’organiser cette Hadaratoul Jummah.

C’est le 8 mars 2024 que va se tenir la Hadaratoul Jummah qui en est à sa 12ème édition. Mais, d’ores et déjà, la fédération départementale des Tidianes, à travers le comité d’organisation, s’active et multiplie les rencontres pour une bonne réussite de cette grande manifestation qui continue d’accueillir, de plus en plus, un nombre croissant de musulmans. Ces pèlerins débarqueront, dès les premières heures de la matinée du vendredi, sur le parking du stade et ses alentours, presque tout de blanc vêtus, pour une activité qui devra démarrer après la prière du Takussane. Un tel engouement populaire nécessite que des mesures soient prises, d’où la tenue du CDD où, selon Khalifa Sylla, «tout est fin prêt».

Pour le Préfet de Guédiawaye, Saïd Dia: «on va choisir incessamment un jour pour une visite des lieux et des alentours. On sera accompagné du comité d’organisation, et certains services, notamment la Police, les Sapeurs et autres organisations de très grande utilité pour ces genres de manifestations. Ce sera aussi l’occasion de faire la sommation pour tous ceux qui gravitent autour afin de réserver ce jour aux dizaines de milliers de pèlerins. D’habitude, le Préfet mettait en place un comité de suivi, mais je peux dire qu’il sera maintenu pour rester en contact permanent avec le comité d’organisation. En tout cas dans le passé, chaque fois qu’il y a eu blocage ou un problème inhérent à l’organisation, on dépêchait aussitôt le comité de suivi qui va jouer le même rôle et anticiper sur d’éventuels impairs. Maintenant, d’autres forces pourront venir en appoint comme le Comité d’organisation au Service de Khalifa Aboubacar Sys (COSKAS) qui tient l’organisation du Gamou de Tivaouane, représenté ici par le doyen Djité». Khalifa Sylla de terminer par ces éclairages : «Il y a aussi Lamine Thiam Dogo en charge de la Communication, Makhtar Sarr, frère de Fattah Sarr qui gère la commission culturelle, les femmes considérées par la force tranquille de la Hadara, notamment Aida Mbène Diop, Fatou Ndiaye Gueye et les autres».

 

C’est par des prières que Serigne Babacar Sy Mansour, Khalife Général des Tidianes, a commencé son appel à l’endroit des différents sociaux pour un sursaut national. Voici i extenso le communiqué rendu public par la Cellule Zawiya Tijanyya.

«Salut et prières sur le Meilleur des Hommes, l’Elu par qui Dieu a permis l’existence de tout ce qu’Il a voulu créer. Dieu l’a choisi parmi les hommes. Il est tendre et clément vis-à-vis de ceux qui le suivent (la Umma). Dieu l’a envoyé en tant que témoin, annonçant les bonnes nouvelles mais aussi en tant qu’avertisseur. Il l’a en outre exhorté à renoncer aux intérêts partisans, à cultiver la paix et à privilégier le dialogue et le compromis lorsqu’ils peuvent conduire à préserver la vie humaine et à restaurer la paix civile. C’est ce que m’inspire l’attitude qu’il avait adoptée, à Houdaybiya, sur le chemin du Pèlerinage, refusant de marcher sur la Mecque et les Mecquois, contre l’avis de la plupart de ses compagnons. Cette trêve a été qualifiée de « victoire éclatante » par le Coran. (S48, verset 27). La situation politique très tendue dans notre pays et les derniers évènements qui ont fini d’emporter trois de nos fils interpellent à la fois ma conscience en tant que citoyen et ma responsabilité en tant que chef de communauté religieuse. Je voudrais m’associer à la douleur de leurs familles à qui je présente mes condoléances les plus attristées, tout en les assurant de mes prières afin qu’ils reposent éternellement en paix. C’est à cette paix et à la retenue que j’invite tout le monde, acteurs politiques, membres de la société civile comme simples citoyens, pour préserver ce que nous avons de plus cher : notre volonté commune de vivre ensemble dans un Sénégal apaisé et réconcilié autour de tous ses enfants. M’adressant au Président de la République, Macky SALL, je voudrais l’inviter et l’encourager à privilégier la concertation, le dialogue inclusif et constructif avec toutes les forces vives de la Nation, pour trouver une issue heureuse dans les meilleurs délais à cette impasse, qui, si elle n’est pas dépassée, pourrait plonger notre pays dans une nuit de regrets et de désolation. M’adressant à la classe politique dans la diversité de ses courants et de ses positions, je l’exhorte à mettre le Sénégal au dessus de ses contingences partisanes et de ses revendications quelque légitimes qu’elles puissent être et à accepter toute main tendue du Président de la République, pour n’entrevoir que l’intérêt exclusif du peuple sénégalais et la préservation du climat social, afin d’aller vers des élections apaisées et inclusives.  

La paix de notre pays et son avenir incombent à tous.

C’est pourquoi j’invite également les autorités religieuses du Sénégal, sans exclusive, à toujours jouer leur rôle de censeurs pour la réconciliation des cœurs et des esprits. Enfin, j’invite les populations, surtout la jeunesse, dont je comprends les frustrations et les inquiétudes à garder la foi et à faire preuve de retenue. La destruction des biens publics et la confrontation avec les forces de défense et de sécurité n’ont jamais été la solution. Vous êtes la pierre angulaire à partir de laquelle l’avenir de cette nation devra se construire. Que votre voix soit donc entendue dans la concertation et le dialogue. Cela pourra servir d’exutoire à vos insatisfactions. C’est donc confiant que chacun pourra tirer de mes propos ce qui pourra lui être utile et en faire usage profitable, que je me tourne vers Mon Seigneur pour lui tendre mes mains périssables et lui demander de préserver notre pays des démons de la division et de l’antagonisme. Paix et bénédictions sur tous». 

Serigne Babacar Sy Mansour Khalife Général des Tidianes
Fait à Tivaouane, le mardi 13 février 2024

 

Celui qui voulait réduire l’opposition à sa plus petite expression ne s’est t-il pas réduit à sa plus simple expression lui-même? En s’arrogeant de manière anticonstitutionnelle le pouvoir de reporter l’élection du 25 février 2024, le Président Macky Sall a foulé au pied l’histoire, la tradition, la loi et les bonnes habitudes sénégalaises. Il vient ainsi de placer son œuvre et son personnage dans les ‘’Spams’’ des annales de l’histoire. Pire, il place le Sénégal, vitrine de la démocratie africaine depuis toujours dans la triste liste des pays peu fréquentables.

La pirogue Sénégal qui chancelle depuis une décennie, suite aux coups répétés de la coalition au pouvoir, a maintenant un flanc dans l’abîme. Nous devons éviter la chute et donc le chaos que certains semblent vouloir à tout prix, de par les actes incompréhensibles qu’ils posent depuis quelques années, ce qui contraste avec leur niveau de responsabilité. Nous devons sauver le Sénégal, et pour cela, tout le monde doit être concerné. Ceci est le combat de tout un peuple et non seulement des politiciens. Nous citoyens, nous devons assumer notre citoyenneté et refuser de délaisser ou de sous-traiter notre responsabilité à d’autres.

Il y a eu trop de morts et de traumatismes ! Du jamais vu dans l'histoire des conflits politiques internes de notre pays ! Cela doit cesser. Pour ce faire nous devons user de tous les moyens légaux, pacifiques, efficaces que nous confère la Constitution pour marquer notre désaccord et amener au respect des dispositions constitutionnelles. Nous devons aussi rester vigilants pour qu’aucune combine, juste pour laisser passer la vague, ne se fasse au détriment du peuple souverain.  Ce qui serait en déphasage avec les demandes et aspirations des populations et placerait toute la nation dans une situation inconfortable. Enfin, j’en appelle au Président Macky Sall et à ses souteneurs et partisans de prendre la pleine mesure de leurs responsabilités face à la situation qui prévaut et de nous éviter le pire. Le Sénégal s’en sortira grandi, même si les cicatrices sur la Constitution restent indélébiles et porteront à jamais la signature de leurs auteurs.  Il est plus que temps de ramener la paix et la sérénité dans notre pays, jadis connu pour sa stabilité, sa quiétude et sa téranga légendaire.

Dr Sylla Thiam, Expert de santé publique

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Il se susurre  que des intermédiaires, sans doute  intéressés poussent  l’état à renoncer  à  sa principale mission. La sauvegarde de la patrie. Nous sommes tous témoins des insultes, des saccages, des tueries et surtout la réquisition du procureur, que nous avions salué à l’époque. Pensez  une seconde à  une loi d’amnistie de ces gens relève simplement d’un complot contre l’état.

  

De plus, à y réfléchir de près. Comment peut-on poser le problème en ces termes? De deux choses l’une. Soit on nous cache  l’essentiel où on fait un déplacement latéral. Le problème que nous vivons émane de l’imbroglio noté  dans le processus électoral. En quoi, une loi d’amnistie pourrait  elle être la solution? Il faut  savoir raison garder et distinguer les faits délictuels  et criminels de la chose politique. Il s’agit d’une véritable  amnésie générale, que l’on cherche à nous imposer. Je l’ai toujours dit. Il n’y  a pas de démocratie sans démocrates. Nous n’avons que des entrepreneurs politiques au Sénégal.  

 

A la place d’une loi d’amnistie, il faut  être courageux et faire voter une loi pour la sauvegarde de la patrie, qui déclare l’ex-Pastef comme une organisation terroriste  et éradiquer  totalement ces casseurs de l’espace démocratique. En même temps,  il est nécessaire de revoir la loi sur les partis politiques.  N’importe qui ne devrait pas être chef de parti. La démocratie disait fort justement Chomsky  est l’affaire des élites, pour prendre en charge la masse et cela pour le bien de celle-ci. 

 

Dr Bassirou NIANG Président RASSEMBLEMENT NATIONAL SENEGALAIS/ JAALAL LEYDI

 

Ne jamais déroger aux principes. Toujours rester fidèle aux options. Ainsi,  apparaissait la démarche du Groupe Scolaire Keur Mame NDAWA qui, en choisissant de célébrer le Mardi Gras ce jour 13 Février 2024, renouait  avec la tradition. En effet, depuis le début en 2009, le Groupe Scolaire a eu à célébrer l’avènement du Mardi Gras annonciateur dans quelques jours du Carême ; comme pour se solidariser, puis partager avec les élèves et leurs parents chrétiens, le démarrage du jeun catholique.

 

Tôt dans la matinée en ce Mardi 13 Février 2024, les élèves du GSK Mame NDAWA , les tous petits de la Garderie, du Préscolaire et les élèves des première- deuxième étapes plus particulièrement, habillés en tenues de  soldats, policiers ,gendarmes pour les garçons, en  sages-femmes, femmes mariées entre autres pour les filles, étaient  déjà visiblement dans une ambiance de fête. D’autant plus que leurs maitresses qui les accueillaient dans la cour en apparats de Directeur, d’éléments des forces de défense et de sécurité avaient formé une haie d’honneur dans laquelle les élèves s’engouffraient.

Il en était ainsi jusqu’aux alentours de 10 H heures un quart, moment auquel par petits groupes, encadrés par les enseignant(e)s, les femmes de charge et les autres membres du Personnel  le convoi  allait se rendre vers le grand espace public  à  l’intérieur du quartier de l’unité 3,à  moins de cinq cents mètres de l’établissement.

 

Les parents ne voulant rien rater de l’évènement ont  pu accompagner le cortège jusqu’à l’endroit indiqué tantôt. L’animation battait son plein au rythme  endiablé des tamtams; au milieu des danses fredonnées  et des chants entonnés par les tous petits en extasiés. Ils ont pu se livrer à de petits jeux, sautillant, gambadant en toute haleine .Puis cap sur l’école pour finir en beauté toujours par des danses et chants en compagnie des batteurs et des animateurs. Ce n’est qu’à 12H 20 mn que  place fut laissée  à la séance traditionnelle de photos et de gouter partagé. Selon Mme LO  une des responsables du Préscolaire, le Mardi Gras que la Directrice Fifi tenait toujours à organiser fait partie de la vie intrinsèque du GSK Mame NDAWA depuis le début en 2009.C’est un moment privilégié de communion entre l’école les parents et leurs enfants mais c’est davantage un temps d’épanouissement pour les élèves eux-mêmes. Le Mardi Gras a toujours été un succès pour l’école ; œuvre que nous a laissé notre Directrice et que nous comptons pérenniser.

 

Interrogée à son tour, Mme DIAW de dire que le Sénégal étant un pays laïc, le GSK Mame a choisi librement  d’accompagner les parents et les élèves chrétiens en ce Mardi Gras, veille de carême. Nous accompagnons les élèves tous petits  nos « bébés »  durant ces moments de fête  et leur procurons de la joie. C’est encore l’occasion pour nous, de rendre un vibrant hommage à notre chère Directrice dont l’absence se fait  à chaque fois sentir. Mme FAYE enseignante de la première étape affirmait quant à elle que le Mardi Gras amène toutefois de l’émotion et réveille  une grande affection entre les élèves et nous. Rien qu’avec leurs déguisements, les élèves nous dévoilent leurs  passions  et leurs aspirations à tel ou tel métier tourné vers le futur. Le Mardi Gras est un de ces moments privilégiés que nous aimons partager avec nos élèves dira-t-elle. Dans tous les cas, la présente édition a été intensément  vécue  jusqu’à laisser un gout d’inachevé aussi bien au niveau des tous petits qu’auprès de leurs parents et du Personnel du GSK Mame NDAWA.

 

 

 

Implorer le dialogue doit être une affaire de tous. Raison pour laquelle certains ne cessent pas de lancer un appel au dialogue en déplorant ainsi la violence enregistré ces derniers temps dans notre pays.

 

"Il me revient l'honneur d'émettre des avis par rapport aux manifestations violentes du vendredi 9 février 2024 à Dakar et á l'intérieur du pays. A ce propos, la violence est un dérèglement de l'ordre public établi par des actes de chao, matérialisés par la mise á feu et /ou de casse de biens,  mobiliers et immobiliers etc.

Il a été ainsi relevé des dégâts très important dans la région de Dakar où les jeunes dans la plupart ont mené ces actes de violence. D'autres jeunes ont perpétré ces mêmes actes de violence dans certaines régions du pays. Pour juguler la violation des droits d'honnêtes citoyens, les forces de l’ordre et de sécurité sous la haute hiérarchie ont permis de faire régner la paix dans la Société. S'il est vrai que la violence doit être désapprouvée, il n'en demeure pas moins que tous les acteurs politiques, Société civile les chefs religieux, coutumiers et entre autres doivent participer au dialogue national appelé par le Chef de l’Etat".

 

Le discours mémorable prononcé par feu Alioune Badara Cissé le 01 Novembre 2013 à Saint-Étienne résonne encore dans les esprits surtout en cette période de crise institutionnelle au Sénégal où l’incertitude règne en maître.

Avec une clarté indiscutable, il avait anticipé cette situation, et les événements qui se déroulent confirment ses prédictions. A présent, la brutalité du réveil met en évidence la pertinence de ses avertissements, tandis que ses cyniques détracteurs, obnubilés par le désir de plaire au Président Sall, ont ignoré ses avertissements. Maintenant Macky Sall découvre avec impuissance que son ancien numéro 2 avait raison, alors que la brutalité du réveil atteint son paroxysme.

   

Ancien Ministre des Affaires Étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur, ainsi que Médiateur de la République, il avait à cœur de lutter contre les inégalités et les divisions au sein de la société sénégalaise. 

Son plaidoyer contre un Sénégal à deux vitesses, où certains étaient considérés comme des citoyens à part entière tandis que d'autres étaient relégués à être entièrement à part, révèle sa profonde conviction en l'égalité et en la dignité de tous les citoyens.

 

Le vide laissé par feu Alioune Badara Cissé se fait véritablement sentir, car il entretenait des relations exceptionnelles avec l'ensemble de la classe politique et n'avait aucune barrière avec les chefs religieux, à qui il vouait respect et considération. 

Sa capacité à naviguer sans heurts à travers les diverses sphères de la société sénégalaise témoigne de son habileté à construire des ponts et à favoriser le dialogue entre les différentes parties prenantes. Cette ouverture d'esprit et cette capacité à établir des liens solides ont grandement contribué à son efficacité en tant que Médiateur de la République et à son influence positive sur le paysage politique sénégalais.

 

 Respecté et apprécié par ses pairs, Feu Alioune Badara Cissé a su gagner la confiance  de ses camarades politiques, ce qui lui a permis de travailler de manière étroite pour aborder les défis auxquels le Sénégal était confronté. Son approche inclusive et son engagement envers le bien-être de la nation ont été salués non seulement par ses alliés politiques, mais aussi par ses adversaires, révélant ainsi sa dimension à transcender les clivages partisans au profit du bien commun.

 

De plus, ses relations privilégiées avec les chefs religieux ont renforcé son influence et sa crédibilité, car il était perçu comme un homme d'État respectueux des valeurs traditionnelles et religieuses du Sénégal. Cette capacité à travailler en étroite collaboration avec les guides  religieux a également contribué à apaiser les tensions et à promouvoir la cohésion sociale dans un contexte où la religion joue un rôle central dans la vie quotidienne des Sénégalais. Devant cette crise qui émeut, les sénégalais souhaitent entendre les chefs religieux. Pourquoi ne leur parleriez vous pas, pourquoi ?   

 

Le nom de Feu Alioune Badara Cissé était étroitement associé à la diaspora sénégalaise, en tant que son défenseur naturel. Ministre des Affaires Étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur, il a travaillé pour promouvoir les intérêts des Sénégalais vivant à l'étranger, renforçant les liens entre la diaspora et le pays. Son engagement personnel avec la diaspora sénégalaise a démontré  sa vision de solidarité et de partenariat pour le progrès du Sénégal, consolidant ainsi son héritage en tant que défenseur des droits de tous les Sénégalais, où qu'ils se trouvent dans le monde.

 

En dépit des pressions et des critiques qu'il a pu subir, la bave du crapaud n’atteindra jamais la blanche colombe car Alioune Badara Cissé est resté fidèle à ses principes et à sa mission de servir le peuple sénégalais et non le contraire. Sa droiture morale, son indépendance, sa liberté de ton  et son intégrité ont fait de lui une figure incontournable non seulement sur la scène politique, mais aussi au sein des syndicats et de  la société civile. 

 

Son fameux  discours du 7 Mars 2021, dans lequel il a pris position en faveur de la vérité et de la responsabilité, témoigne de son courage et de sa détermination à défendre les valeurs fondamentales de la démocratie.

En ces temps troublés, caractérisés par une incertitude persistante, Feu Alioune Badara Cissé se distinguait par sa voix rassurante et sage. Considérant la jeunesse comme un pilier essentiel de la société, il s'employait inlassablement à transmettre des messages de raison et d'espoir. 

Son attachement envers les jeunes se manifestait à travers ses discours empreints de sagesse et de compassion, visant à les guider vers des choix éclairés et à les encourager à jouer un rôle actif dans la construction d'un avenir meilleur.

 

L’ancien Médiateur de la République utilisait sa tribune pour adresser des mots d'encouragement et des conseils avisés à la jeunesse sénégalaise. Convaincu de leur potentiel et de leur capacité à influencer positivement le cours des événements, il cherchait à les inspirer à persévérer dans leurs efforts et à cultiver des valeurs telles que la citoyenneté, la responsabilité, la solidarité et le respect mutuel.

 

À travers ses interventions, le Défenseur du Peuple  mettait en lumière les défis auxquels la jeunesse était confrontée, tout en soulignant également les opportunités qui se présentaient à elle. Sa volonté de comprendre leurs préoccupations et ses efforts pour leur offrir un espace d'expression témoignaient de sa profonde empathie et de son engagement envers leur bien-être et leur épanouissement.

Il  demeurait un phare d'espoir pour la jeunesse sénégalaise, offrant des perspectives inspirantes et des conseils éclairés pour traverser les périodes tumultueuses. Son héritage de sagesse et de compassion continue de résonner auprès des jeunes générations, les incitant à persévérer dans leur quête de réalisations et à contribuer positivement à la société.

 

Le décès de Maître  Alioune Badara Cissé le 28 juillet 2021 a été une perte immense pour le Sénégal. Cependant, son héritage perdure à travers ses actions et ses paroles, inspirant les générations présentes et futures à poursuivre la lutte pour un Sénégal plus juste et plus inclusif.

Considéré comme un Patrimoine National, Feu  Alioune Badara Cissé continue de symboliser l'espoir et la persévérance dans la quête d'un avenir meilleur pour tous les Sénégalais, où personne n'est laissé pour compte et où chacun a sa place dans la construction et le développement de la nation.

Bien que vous soyez passé á l’au-delà, vos discours restent d’actualité en ces temps troubles, et les sénégalais justes et désireux de paix et de stabilité sociale se souviennent encore de vous. 

Reposez en paix Maître.

 

 MOMAR DIENG DIOP.

ANCIEN ATTACHÈ DE CABINET

DU MEDIATEUR DE LA REPUBLIQUE.

 

dimanche, 11 février 2024 16:15

La longue traversée du MAHDI

La vie d’un prophète n’est jamais un long fleuve tranquille. Et Seydina Limamou Laye en constitue une preuve. De son entourage à son peuple en passant par l’autorité coloniale, Baye Laye a dû faire face à toutes sortes de déviations dans son chemin.

Il caractérise, selon ses disciples, le retour annoncé du Mahdi. Un messager de Dieu incarnant le prophète Mahomed (Psl). Seydina Limamou Laye a passé à toute sa vie ou presque à tenter de prouver ce statut. A Yoff où il est né, le fondateur de la confrérie layène a parcouru un long chemin de croix. Même ses nombreux miracles (voir par ailleurs) n’auront pas toujours convaincu les habitants du village à l’époque très attaché à la coutume et à la tradition.

Limamou Thiaw de son vrai nom, fils de Alassane Thiaw et de Coumba Ndoye, naquit à Yoff-Tonghor en 1843. Son enfance se déroula sans incident majeur. Cependant, il ne manqua guère d’attirer l’attention de son entourage par son comportement sociable, sa promptitude à rendre service, ses qualités morales, sa piété, son amour de la propreté, son hospitalité à l’égard des étrangers.

Dès qu’il fut en âge de gagner sa vie, il orienta ses activités vers la pêche et l’agriculture comme tous les adolescents de son milieu. Lors de la saison des pluies qui les fixait au village, il s’activait dans les travaux champêtres, tandis qu’en saison sèche, il arrivait souvent au saint homme d’aller vers d’autres rivages où le poisson mordait mieux (à Saint-Louis, en Gambie…). A l’image du prophète Mahomed (Psl), Limamou ne fréquenta aucune école et demeura illettré toute sa vie.

A 40 ans, il dit incarner le retour du Mahdi

Déjà orphelin de père, Limamou venait d’atteindre ses quarante ans. Il perdit sa mère, une éminente servante de Dieu, dont la générosité et la piété étaient bien connues. Un deuil cruel qui le frappa. Et va changer la trajectoire de la vie du natif du quartier de Tonghor. Limamou Thiaw change de cap et de philosophie.

Après trois jours de mutisme et d’isolement, que l’entourage attribua au bouleversement qu’il venait de subir, Limamou sortit un matin de dimanche 24 mai 1883 superbement drapé de trois pagnes blancs : l’un autour de la taille, l’autre sur les épaules, le troisième lui servant de turban.

Il venait de tenir ce discours à la sœur de son père Adama Thiaw : «Ô ma tante, recouvre-moi de deux couvertures blanches et sache que Dieu t’a donné un fils qu’il n’a jamais donné à personne au monde.» A sa cousine Ndiaye Diaw, il avait dit : «Recouvremoi de deux couvertures neuves et sache que Dieu t’a donné un cousin qu’il n’a jamais donné à personne au monde.»

Enveloppé dans ses pagnes, il déambula sur les collines, dans les ruelles et places publiques. A l’image d’un pèlerin arpentant la distance de la Mecque à Arafat, appelant à haute voix ses concitoyens, en une langue Wolof teintée d’un accent lébou : «Répondez à l’appel de Dieu, venez à moi, je suis le messager de Dieu, je suis le Mahdi qu’on attendait …. »

Et il ne cessa plus de glorifier nuit et jour, publiquement et en privé, le Créateur Suprême prononçant constamment ses noms et attributs. De plus en plus, les réactions fusèrent de partout. Tout d’abord, ses proches parents furent sommés, par l’entourage, de soigner Limamou, considéré comme étant un malade qui mérite d’être entouré de soins. Naturellement, on pensa faire appel aux compétences des guérisseurs détenteurs d’autel de Rab. Son oncle est chargé de lui faire revenir à la raison.

Pour mettre fin à ses supplications, Limamou lui avait dit : «Si tu veux me connaître, prépare une provision de voyage et va à la Mecque. Là, tu diras aux érudits : j’ai un neveu âgé de quarante ans, à l’extrême occident, il se dit messager de Dieu…».

Emprisonné 3 mois à Gorée

Avec ce changement subit de comportement, le saint homme va s’attirer les foudres de son peuple. Possédé, un malade sous l’emprise d’une sanction punitive infligée par les Rab (les esprits surnaturels en Wolof), les insanités populaires se succédaient au fil des jours.

Décidé à accomplir sa mission de divulguer la parole divine, Seydina Limamou Laye poursuivait son chemin. Avec une telle approche, les chefs coutumiers voyaient en lui, une manière de désacraliser la tradition. Ainsi, ils mettent Limamou Laye en mal avec les autorités coloniales. Elles commencèrent à craindre son influence et voulurent le déporter loin du pays,

plus précisément au Gabon mais sans succès. «L’effectif de ses fidèles commençait à avoisiner le nombre de 300. L’autorité coloniale diligenta une enquête sur les activités. Et de là commença les persécutions qui vont durer 3 ans», renseigne Seydina Issa Laye Diop, membre de la cellule de communication de l’Appel de Seydina Limamou Laye. Limamou fut emprisonné à Gorée pendant 3 mois avant de bénéficier d’un nonlieu lors de son jugement. A sa sortie, il séjourna 9 mois chez Tafsir Mbaye Sylla, ancien imam de la mosquée de Rufisque.

L’apogée

Limamou continua donc de prêcher. Une première satisfaction baigna son cœur meurtri par la vague de contestation : des membres de sa famille adhérèrent à sa doctrine. La première personne qui fit acte d’allégeance fut son épouse Faty Mbengue, mère de son fils-aîné Issa qui deviendra à sa disparition en 1909, son premier khalife. Momar Bineta Samb, fut le premier disciple de Seydina Limamou.

Dès qu’il lança son Appel, du haut d’un monticule de sable, il alla à sa rencontre et veilla à le protéger. Il s’implanta devant la porte de la chambre où Limamou demeura quelques jours, avant de circuler parmi ses concitoyens. Nul n’osait s’approcher de lui, avec des intentions malveillantes, car Momar Bineta était un gaillard bien bâti que personne n’osait affronter.

Après ce fut le tour de Thierno Sarr Thiom d’aller répondre à l’Appel de Baye Laye et se ranger à ses côtés. M. Thiom fut obligé de déjouer la vigilance de ses proches parents qui s’opposaient fermement à ce projet. Il simule de voyager vers Ngor. Mais dès qu’il sortit du village, il prit un chemin détourné et alla vers Limamou.

Momar Bineta le laissa entrer, et Limamou lui dit aussitôt : «Thierno tu es venu, eh bien Dieu n’a pas manqué à sa promesse.» Thierno Sarr lui offrit un superbe boubou que Limamou accepta. Il enleva les pagnes blancs qui l’enveloppaient, porta le boubou et dit à Thierno son nouveau fidèle : «Tu es la personne qui, le premier, me fait porter un vêtement après mon Appel, je te ferai porter ce que nulle personne ne possédera.»

Un mois, jour pour jour, après son Appel, une éminente personnalité, Ababacar Sylla, qui assuma durant vingt-deux ans les fonctions d’imam de la grande mosquée et de juge du Tribunal musulman de Dakar, rejoignit Limamou et reconnut sa mission. Geste courageux car il savait ce qu’il lui en coûterait.

Désavoué par les autres notables de Dakar, il démissionna de toutes ses fonctions, leur disant avec une simplicité déroutante : «Chacun de vous a un ami parmi les Blancs et vous refusez que j’aie pour ami un homme de Dieu. Allez donc avec vos amis, je vais rejoindre le mien.» Coïncidence ou harmonie préétablie par le ToutPuissant, il portait le même nom que la première personnalité qui reconnut la mission du prophète Mohamed (Psl). Comme son homologue de la Mecque, qui fut beau-père du Prophète, Ababacar Sylla donnera sa fille Touty en mariage à Limamou.

D’autres personnalités marquantes vinrent de l’intérieur du Sénégal, mues par la seule puissance de leur vision spirituelle ou par l’attraction irrésistible qui s’exerçait sur les esprits, la réputation grandissante de Limamou. Parmi eux, on notait Tafsir Ndické Wade, exégète du Coran, qui rejoignit Limamou, entraînant avec lui ses proches disciples qui le vénéraient. Selon le vieux Libasse Mboup, un fidèle mort en 1987, «c’est grâce aux prédictions de Tafsir Ndické que son père rejoignit Limamou.

D’autres savants en islamologie, de grande réputation, s’étaient soumis à l’homme illettré, parmi eux Tafsir Ndialanda Guèye de Rufisque, Tafsir Abdou Gaye, éminent grammairien et exégète du Coran, qui deviendra le secrétaire de Limamou, rédigeant en arabe ses sermons et sa correspondance qu’il exprimait en langue Wolof ; Cheikh Matar Lô, auteur d’un ouvrage rédigé en arabe sur la vie et l’œuvre de Seydina Limamou : (la traduction française de cet ouvrage se trouve dans le bulletin de l’Ifan, n’ 3 série B de Juillet 1972, et dans le livre Le Mahdi Seydina Mouhamadou Limamou Lâhi…) ; Tafsir Aboulaye Diallo, exégète du Coran, qui exerça les fonctions d’interprète dans l’administration coloniale française.

Il sera arrêté et interné à l’île de Gorée, en même temps que Seydina Limamou ; Tafsir Abdou Gaye, exégète du Coran… On trouve une longue liste d’autres personnalités converties à la doctrine de Limamou dans l’ouvrage de Cheik Mamadou Mboup intitulé Le Diwan des layènes, (texte en arabe, déposé au Département de l’islam de l’Ifan).

Il combat comme les Rab

Le succès grandissant de Limamou ne pouvait laisser indifférents les maîtres et maîtresses du culte des Rab. Non seulement il condamnait les pratiques de ce culte, mais encore, des malades que les Rab ne parvenaient pas à soigner avec succès, guérissaient lorsque Limamou leur imposait ses saintes mains. Informés de ces faits, les Français diront dans leurs correspondances qu’il était doué de magnétisme (Lettre du 4 Septembre 1887, adressé par Cléret au directeur de l’Intérieur). En plus de la guérison des malades, Limamou chassait les démons qui subjuguaient les possédés. Selon Cheikh Makhtar Lô, «on entendait les démons s’éloigner en déclinant leur identité».

L’inquiétude grandissait chez les officiants du culte des Rab, puisqu’on constata que Limamou ne se contentait pas de combattre par la parole et par sa puissance spirituelle ce culte et ses serviteurs. Il alla plus loin, en faisant agir ses adeptes, qui détruisirent la fameuse «pierre fétiche» de Mpal (un village 33 km de la ville de SaintLouis). Cette «pierre fétiche» s’appelait Mame Kantar, objet d’un culte païen.

Sa destruction est mentionnée par le colon, qui était directeur des Affaires politiques à Saint-Louis, dans une correspondance adressée le 21 Juillet 1890 à l’Administrateur principal des Cercles de Dakar et Thiès. La missive dit en substance : «Limamou, marabout de Yoff, a dans Cercle de Saint Louis, un certain nombre de partisans qui font parler d’eux. Récemment, ils enlevaient la pierre fétiche de Mpal au grand émoi de la population…»

Avant sa disparition en 1909, à l’âge de 66 ans, Seydina Limamou laissa un livre, divisé en six parties et connu sous le nom de Sermon, qu’il demanda à ses serviteurs de transmettre. Illettré, comme le prophète Mohamed, il ne l’avait pas écrit luimême mais dicté en wolof à ses disciples, notamment Cheikh Makhtar Lô, qui se sont chargés de le traduire et de l’écrire en arabe.

Chahuté hier, l’Appel de Seydina Limamou Laye mobilise aujourd’hui des milliers de personnes. Et ils entonnent toujours en chœur cette prophétie de Baye Laye : «Adjibo dahiya laye ya marsaral ins wal djin ini raasouloulahi ileykoum («Venez à l’Appel de Dieu vous, hommes et djinns, je suis l’envoyé de Dieu. L’arabe blanc (Mohamed) s’est noirci.»)

 

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